Si la dissolution a plongé la France dans l’incertitude, provoquant des rebondissements politiques à tour de bras, nos voisins américains connaissent eux-aussi une campagne pour le moins chaotique. Alors que le 13 juillet Donald Trump a échappé à une tentative de meurtre, propulsant le candidat républicain auréolé du statut de martyr en tête des sondages, de l’autre côté de l’échiquier, son adversaire, Joe Biden, s’enfonçait un peu plus entre une contamination au Covid-19 et un débat raté avec, en toile de fond, des craintes sur sa santé.
Le dimanche 21 juillet au soir, l’actuel président des Etats-Unis a donc jeté l’éponge. “Bien que mon intention fût de me représenter, je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire”, a-t-il écrit dans sa lettre. Trente minutes plus tard, le président annonçait sur X (anciennement Twitter) soutenir la candidature de sa vice-présidente Kamala Harris pour représenter les démocrates face à Donald Trump. “Aujourd’hui, je souhaite offrir mon plein soutien et mon approbation à Kamala pour qu’elle soit la candidate de notre parti cette année. Démocrates, il est temps de s’unir et de battre Trump. Let’s do this”.
My fellow Democrats, I have decided not to accept the nomination and to focus all my energies on my duties as President for the remainder of my term. My very first decision as the party nominee in 2020 was to pick Kamala Harris as my Vice President. And it’s been the best… pic.twitter.com/x8DnvuImJV
— Joe Biden (@JoeBiden) July 21, 2024
Un record de dons au parti démocrate
A un peu plus de 100 jours de l’élection présidentielle, Kamala Harris apparaît comme la candidate naturelle du parti. Elle a d’ailleurs reçu de nombreux soutiens comme celui de Bill et Hillary Clinton, de la sénatrice et ancienne candidate à la primaire démocrate de 2020 Elizabeth Warren ou encore d’Alexandria Occasio-Cortez, proche de Bernie Sanders et représentant l’aile gauche du parti.
Kamala Harris will be the next President of the United States. I pledge my full support to ensure her victory in November.
Now more than ever, it is crucial that our party and country swiftly unite to defeat Donald Trump and the threat to American democracy.
Let’s get to work.
— Alexandria Ocasio-Cortez (@AOC) July 22, 2024
Selon CNN, plus de 500 délégués démocrates, sur les 3936 que compte le parti, lui ont déjà apporté leur soutien. Signe du nouvel espoir né par la possible investiture de Kamala Harris, le parti démocrate a enregistré une collecte de fonds historique après l’entrée en course de la vice-présidente avec plus de 46 millions de dollars récoltés en une seule journée.
“Un espoir pour la transition écologique”
“La candidature de Kamala Harris fait renaître l’espoir d’une poursuite de la transition écologique du monde”, souligne auprès de Novethic l’avocat en droit de l’environnement, Arnaud Gossement. “L’élection de Donald Trump qui a dénoncé l’Accord de Paris sur le climat et toujours défendu les intérêts du secteur pétrolier serait une terrible nouvelle pour la lutte contre le changement climatique”.
Si Kamala Harris devrait poursuivre la même direction que Joe Biden, elle a affirmé à de multiples reprises que la justice environnementale serait sa priorité. Elle est d’ailleurs, comme le rappelle le média ABC News, l’une des premières sénatrices à avoir co-parrainé le Green New Deal en 2019, un “plan non contraignant visant à faire passer le pays à une énergie 100% propre en une décennie”. Présente à la COP28 à Dubaï l’année dernière pour représenter les Etats-Unis, elle a également soutenu Joe Biden dans la signature de l’Inflation reduction act, la “législation climatique la plus importante de l’histoire du monde”, selon le président. Cette même loi destinée à soutenir l’industrie verte américaine que Donald Trump a promis de supprimer s’il reprend les clés de la Maison Blanche.
“La vice-présidente Harris a joué un rôle essentiel dans les réalisations les plus importantes de l’administration Biden en matière de climat et possède une longue expérience en tant que championne influente du climat”, a déclaré Evergreen Action, le groupe politique axé sur le climat.
Processus de vote
Mais rien n’est encore joué pour Kamala Harris. Quelques ténors du parti, dont l’influent ancien président Barack Obama ne lui ont pas publiquement apporté leur soutien. Dans un communiqué, il a longuement rendu hommage au président et conclu : “Nous allons naviguer dans des eaux inconnues au cours des jours à venir. Mais j’ai une confiance extraordinaire dans la capacité des dirigeants de notre parti à créer un processus qui permettra de désigner un candidat exceptionnel”. Dans un mois, du 19 au 22 août, se tiendra la convention de la primaire des démocrates. Les 3 896 délégués qui avaient, pour la majorité, apporté leur soutien à Joe Biden vont devoir revoter.
“Je suis honorée d’avoir le soutien du président et mon intention est de mériter et de gagner cette nomination”, en vue de l’élection, a affirmé Kamala Harris. Les premiers sondages publiés à l’issue de l’annonce de la candidature de la démocrate donne Donald Trump en tête avec 46% des intentions de vote, contre 42% pour Kamala Harris. Mais, comme on l’a vu en France avec les élections législatives, des sondages restent des sondages.