Il y aura un après 7 juillet. Le deuxième tour des élections législatives qui aura lieu dimanche va complètement redessiner le visage de l’Assemblée nationale. Majorité relative ou absolue pour le Rassemblement national, majorité de coalition avec la gauche et Renaissance, blocage du pays… Quoi qu’il arrive, cet évènement historique pour la Vème République aura des répercussions sur la “société civile économique”, comme l’a baptisé Pierre Gilbert, consultant en prospective climatique et membre fondateur de l’Institut Rousseau.
Par “société civile économique”, il faut comprendre les acteurs économiques engagés dans la transition écologique et sociale. Dans un billet LinkedIn, il affirme que “même si le contexte devient hostile”, Sator, son entreprise, “continuera à tenir haut le flambeau des transitions”.
“Pas d’impact sur notre stratégie”
Qu’en sera-t-il des autres entreprises en cas de changement de gouvernement ? Difficile de savoir tant le contexte politique est instable mais plusieurs grandes entreprises que nous avons interrogées promettent de respecter leurs engagements. “Les évolutions politiques de la France n’ont pas d’impact sur notre stratégie”, confirme ainsi le groupe minier Eramet. “Nos objectifs de RSE (y compris décarbonation) encapsulés dans notre feuille de route ‘Act for Positive Mining’ ont été validés par notre gouvernance avec des cibles à fin 2026 et à 2035”, explique-t-il.
Même réponse du côté de Carrefour qui suit une trajectoire de 2°C, approuvée par le SBTi, ce cadre de référence mondial validant les stratégies de décarbonation des entreprises. “Cet engagement est volontaire et un changement de gouvernement ne va pas nous faire revenir sur nos objectifs”, confirme de son côté les Galeries Lafayette. Entre les feuilles de route, les labels, les normes… difficile de croire qu’une marche arrière d’urgence va être enclenchée. En tout cas pour les grandes entreprises.
“Les grands groupes vont poursuivre leur stratégie de transition pour l’environnement, qui est mondiale et validée par leurs actionnaires”, réagit Claire Tutenuit, déléguée générale de l’association française des Entreprises pour l’Environnement, qui compte une soixantaine de membres dont BNP Paribas, TotalEnergies, AXA, Sanofi, Michelin, Veolia ou encore Engie. “Leur stratégie est fortement ancrée, s’appuie sur les régulations européennes et nationales ; un changement de gouvernement en France peut changer certaines choses, l’avancement de certains projets, mais la transition est lancée, et inéluctable”, affirme-t-elle.
L’heure de vérité
Reste à savoir comment les petites entreprises, les entreprises publiques ou les entreprises un peu moins allantes sur ce sujet vont réagir. “Le risque pour les petites entreprises et celles pas engagées dans un plan de décarbonation, c’est que des changements de gouvernement à répétition crée un sentiment de confusion”, explique Sylvianne Villaudière, fondatrice du C3D et experte, qui poursuit : “Quelque que soit le gouvernement, le fait qu’il n’y ait pas de clarté, de poursuite, de planification possible d’une politique gouvernementale risque pour certaines entreprises de leur donner l’occasion d’attendre encore et de ne rien faire”.
C’est donc l’heure de vérité. “Les masques vont tomber”, croit Pierre Gilbert. “Les beaux discours vont-ils s’éteindre face au climat hostile ou des dirigeants courageux vont-ils tenir le cap dans la tempête ?” Réponse dans les semaines à suivre.