Paris a accueilli, pendant deux jours, le Sommet pour l’action sur l’IA. À l’issue de cet événement, 61 pays, dont la France et l’Inde, pays co-organisateurs, ont réussi à s’accorder sur une déclaration commune promouvant une intelligence artificielle “ouverte”, “inclusive” et “éthique”. L’une des priorités majeures de cette déclaration est de rendre l’intelligence artificielle “durable pour la population et la planète”. Des propos qui ont résonné dans les couloirs de l’hôtel de Roquelaure, où le ministère de la Transition écologique organisait parallèlement un “Forum pour l’IA durable” autour d’un mot d’ordre : “placer l’intelligence artificielle sur une trajectoire plus écoresponsable”. À l’issue de cette journée de débats et d’échanges, à laquelle ont assisté plus de 200 personnes, plusieurs mesures ont été dévoilées. Voici les points essentiels à retenir.
Lancement d’une coalition mondiale pour une IA durable
Le ministère de la Transition écologique a annoncé, en marge du Sommet, le lancement de la “Coalition pour une Intelligence Artificielle écologiquement durable”. Son objectif est d’“accélérer la dynamique mondiale visant à placer l’IA sur une voie plus durable sur le plan écologique”, selon le ministère. Pour ce faire, cette coalition prévoit d’intensifier “la collaboration autour des initiatives existantes”, tout en favorisant “la visibilité des solutions innovantes et le partage des connaissances”. Portée par la France, le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Union internationale des Télécommunications (UIT), et soutenue par par dix pays (Chili, Danemark, Finlande, Allemagne, Kenya, Corée du Sud, Norvège, Royaume-Uni et Maroc), cette coalition regroupe déjà 91 partenaires, dont 37 entreprises telles que Capgemini, EDF, Ekimetric, Mistral AI, Orange, Thales, et bien d’autres. Elle inclut également 11 centres de recherche internationaux, 7 associations et organisations internationales, 8 investisseurs, 3 institutions publiques, ainsi que 8 start-ups et PME.
Création du premier Observatoire mondial dédié à l’énergie et à l’IA
Avec l’IA, l’énergie est devenue un enjeu majeur. En 2023, selon une étude du cabinet Deloitte, les data centers consommaient 1,4% de l’électricité mondiale. Un chiffre qui devrait plus que doubler d’ici 2030. C’est pour répondre à cet enjeu que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a annoncé, lors du forum, la création d’un Observatoire mondial dédié à l’énergie et à l’IA. Cet observatoire aura pour mission de fournir une “vision globale et éclairée de l’impact de l’IA sur le secteur énergétique”. Il se concentrera sur l’anticipation des besoins énergétiques des data centers et des modèles d’IA, en adoptant une méthodologie transparente, et sur l’optimisation des systèmes énergétiques afin de réduire les émissions de carbone. À terme, l’AIE espère faire de cet observatoire un outil de référence pour les décideurs, chercheurs et entreprises du secteur.
Publication d’un “position paper” sur les 5 défis clés
En collaboration avec l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) et le ministère de la Transition écologique, 36 partenaires — scientifiques, industriels, ONG et institutions publiques — ont rédigé un “document de position” dans lequel sont identifiés cinq grands défis à relever pour améliorer la performance environnementale de l’IA : l’amélioration de la performance environnementale des technologie sous-jacentes, le développement d’IA plus spécialisées et plus sobres, l’amélioration des méthodes d’évaluation de l’impact environnemental, l’intégration des équipements informations dans une logique de circularité et la sensibilisation aux enjeux d’une IA durable.
Adoption de normes mondiales pour évaluer l’impact environnemental de l’IA
Une feuille de route rédigée par une trentaine d’experts internationaux a également été publiée à l’issue du forum, visant à “normaliser l’évaluation de l’impact environnemental de l’IA”. Comme le souligne le ministère de la Transition écologique, “dans un contexte où de nombreuses initiatives émergent à travers le monde pour évaluer et atténuer l’empreinte de l’IA, l’absence de coordination pourrait freiner leur adoption, voire générer des méthodologies conflictuelles“. En septembre dernier, l’Afnor a publié un référentiel pour une IA frugale regroupant une trentaine de pratiques. Celui-ci pourrait servir de base aux discussions pour la création d’une norme européenne, voire internationale.
Un accès éthique et responsable aux ressources
Selon le ministère de la Transition écologique, “la mise en place de systèmes d’IA générative peut permettre un accès plus équitable à la connaissance environnementale”. Pour répondre à cet enjeu, des experts du PNUE, de l’OCDE, du GIEC, de l’IPBES, de l’OMM, de l’UNESCO et de l’INRIA, ainsi que des chercheurs et des représentants d’administrations, d’entreprises et de la société civile se sont mobilisés en amont du sommet pour réfléchir à l’utilisation de l’IA générative afin d’offrir un “accès éthique et responsable” à la connaissance environnementale. Ce groupe de travail aura pour mission d’élaborer un guide des bonnes pratiques pour une utilisation de l’IA générative au service de l’accès aux rapports environnementaux. Un sujet crucial à l’heure où les biais sur la perception du changement climatique sont nombreux.