Publié le 13 septembre 2018
FINANCE DURABLE
Le facteur Social, parent pauvre des débats sur l’ESG dans la gestion financière
À San Francisco se déroulent en parallèle le Global Climate Action Summit et les PRI in Person. À cette occasion, les investisseurs responsables rappellent qu’une transition juste ne se fera pas qu’en répondant aux enjeux climatiques et environnementaux, mais que la dimension sociale doit être également prise en compte.
@OphirBruck
Jeudi 13 septembre, Consuelo Escorcia une femme de ménage de l’hôtel Mariott Marquis a pris la parole à San Francisco devant le millier d’investisseurs responsables réunis pour la réunion annuelle des PRI (Principes pour l'investissement responsable). Elle symbolise à elle seule la montée en puissance du facteur Social. En effet, le personnel de l’hôtel pourrait se mettre en grève parce que le programme vert de la chaîne hôtelière leur demande beaucoup plus de travail non rémunéré. Leur slogan : "Un job devrait être suffisant !"
La sensibilisation des investisseurs responsables aux conditions de travail dans leur hôtel de luxe ne s’arrête pas là. C’est un des thèmes dominants de leur rendez-vous annuel. Avec une table ronde intitulée "lutter contre l’esclavage moderne et le travail précaire" et un focus sur les Objectifs de Développement Durable (ODD), il s’agit de remettre en perspective l’approche globale des problèmes non seulement environnementaux, mais aussi sociaux. Problèmes que l’économie actuelle pose alors que les inégalités sociales ne cessent de croître.
Transition juste
Participant à ce mouvement, l’initiative pour une transition juste, soutenue par l'Ircantec, profite de la double conjonction dont bénéficie San Francisco avec l’organisation du sommet sur le climat et des PRI in Person pour lancer son guide à destination des investisseurs. "Changement climatique et transition juste" compte une trentaine de pages qui donnent les lignes directrices d’actions pour repenser leur stratégie climat en y intégrant son impact social, que ce soit en désinvestissant des énergies fossiles comme le charbon ou en finançant des énergies renouvelables.
"Une nouvelle préoccupation monte. Si on continue à négliger la dimension sociale d’une transition vers une économie bas carbone, cela va générer une nouvelle série de risques en termes d’instabilité politique (montée des populismes avec l’élection de dirigeants comme Donald Trump), de désastres économiques avec des activités qui s’effondrent (automobile à Détroit ou production de charbon américain) et qui nous priveront d’avoir les moyens d’atteindre nos objectifs climatiques", écrivent les auteurs emmenés par Nick Robins, professeur de finance durable à la London School of Economics. .
Une erreur du secteur financier
Une analyse partagée par Standard and Poor’s qui a publié au printemps une note de synthèse intitulée "Comment les opportunités et risques sociaux sont intégrés dans la notation crédit". L’étude souligne que les facteurs sociaux impactent beaucoup moins souvent le rating des actions que les facteurs environnementaux et climatiques. Mais quand ils deviennent concrets, ils ont un impact négatif beaucoup plus important sur la notation crédit, en particulier les conditions de travail et la sécurité des produits.
Rappeler inlassablement qu’environnement et social sont liés et que vouloir opposer les deux en expliquant que seuls les risques environnementaux et climatiques peuvent être chiffrés est une erreur encore très répandue dans le secteur financier même le plus éclairé. 10 ans après la crise, il est temps de changer de mantra !
À San Francisco, Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic