Publié le 12 septembre 2014
FINANCE DURABLE
Labels Novethic 2014 : la qualité des fonds ISR en progression
La publication de la liste des fonds labellisés par Novethic se déroule cette année dans un contexte particulier. Le gouvernement souhaite mettre en place un label ISR (Investissement Socialement Responsable) public. Son objectif : en faire l’un des outils de financement de la transition énergétique. Ce projet, officiellement lancé le 23 juin lors de la conférence bancaire co-organisée par Ségolène Royal et Michel Sapin, pourrait se concrétiser dans les semaines à venir. Mais un consensus sur un éventuel cahier des charges semble encore lointain. Dans ces circonstances mouvantes, Novethic labellise cette année encore plus de 100 fonds ISR. Leur qualité progresse, mais ils ne sont pas pour autant adaptés au fléchage de l’épargne des Français vers le financement de la transition énergétique.

© Novethic
Les fonds ISR labellisés par Novethic sont plus nombreux qu’en 2013: 111 contre 104. Ils présentent cette année des qualités de plus en plus solides.
Concrètement, les experts du centre de recherche qui attribuent le Label constatent une progression des convictions des analystes et des gérants sur les problématiques sociales et environnementales. Cela se traduit par une plus grande attention portée non seulement à la politique RSE globale des entreprises, mais aussi à leurs secteurs d’activité.
27 % des fonds labellisés écartent ainsi certains secteurs dont les risques Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG) semblent trop élevés. Un consensus se dessine sur deux d’entre eux : le secteur extractif (charbon, pétrole et gaz) qui cumule les handicaps de toute nature. Et le secteur financier, dont la gouvernance est remise en cause par des procès à répétition et sanctionnée par des amendes astronomiques.
Les entreprises controversées délaissées par les investisseurs reponsables
Cette stratégie ISR est en rupture avec les pratiques habituelles du marché français. Celui-ci s’est développé sur le principe du « best in class », c'est-à-dire la sélection des entreprises les mieux notées dans tous les secteurs, sans exception.
Autre amélioration : la gestion des controverses auxquelles font face les entreprises sélectionnées devient plus systématique. Si, début 2014, BNP Paribas figurait dans plus de 70% des fonds labellisés par Novethic, l’annonce de son amende record pour violations des embargos américains a conduit la très grande majorité des sociétés de gestion concernées à la mettre sous surveillance. Sur les 30 sociétés qui détenaient des titres de la banque, 6 ont même exclu les actions du groupe de leurs fonds ISR.
Performance environnementale : la grande inconnue
Si les professionnels de l’investissement responsable s’accordent à considérer qu’il doit impérativement démontrer, à performances financières égales, ses bénéfices environnementaux et sociaux, on est encore loin du compte.
Si tous les fonds labellisés proposent des indicateurs, aucun n’est construit sur la même méthodologie. A titre d’exemple, un épargnant ne pourra pas comparer deux produits ISR sur leurs performances environnementales en termes d’émissions de CO2 évitées ou de kWh d’énergies renouvelables produits.
Si le message envoyé par le futur label ISR public est d’assimiler une approche très large des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance au financement de la transition énergétique, la confusion risque d’être à son comble.
A ce premier écueil, déjà important, s’en ajoute un autre. La crédibilité d’un label auprès du public repose sur le fait qu’il est discriminant. Et indépendant. S’il figure sur tous les produits du marché et est attribué par des instances liées aux promoteurs, il risque d’être assimilé à de l’auto labellisation et perd son pouvoir de conviction.