Publié le 05 novembre 2019
FINANCE DURABLE
Saudi Aramco : JP Morgan, HSBC, Goldman Sachs appelés à tourner le dos à la plus grande introduction en Bourse de l'histoire
Le plus grand pétrolier mondial, le saoudien Saudi Aramco, s’apprête à réaliser son entrée en Bourse. Il est en cela aidé par les plus grandes banques du monde qui accompagnent la colossale opération. Plusieurs ONG appellent les établissements financiers à faire machine arrière pour protéger le climat mais aussi pour ne pas soutenir le royaume wahhabite qui bafoue les droits humains.

@SaudiAramco
Le jour est enfin arrivé. Trois ans après l’annonce, L’Arabie Saoudite va enfin introduire en Bourse son pétrolier national Saudi Aramco. Un monstre qui produit presque 10 % du pétrole mondial et dont la valorisation est estimée entre 1 500 et 1 800 milliards de dollars (bien plus qu’Apple par exemple). L’opération est attendue depuis longtemps, mais a dû être reportée à plusieurs reprises en raison de conditions de marché difficiles et de baisse des cours du brut.
Dans un premier temps, le Royaume va introduire 2 à 5 % de l’entreprise au Tadawul, la Bourse de Ryad. Ce qui devrait représenter un minimum de 30 milliards de dollars, soit un record devançant l’introduction en bourse d’Alibaba qui avait levé 25 milliards de dollars. Dans un second temps, une autre introduction pourrait avoir lieu sur une autre place. Alors que Londres et New-York longtemps pressenties ont été écartées, celle de Tokyo semble être désormais privilégiée.
Dans cette perspective, des ONG pointent publiquement du doigt les grandes banques internationales qui préparent l'introduction en Bourse du géant pétrolier. Dans une lettre, huit organisations écologistes mettent en garde les patrons de sept banques, les américaines Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley, l'helvétique Crédit Suisse et la britannique HSBC.
Environnement et Droits humains
Les ONG, dont Rainforest Action Network, Global Witness, ShareAction ou Oil Change International, s'inquiètent de voir ces grands noms de la finance travailler sur l'entrée du plus grand pétrolier mondial de la planète, qui "devrait être de loin le plus grand investissement dans l'énergie fossile depuis les accords de Paris de fin 2015".
Les ONG jugent en outre problématique que des banques aident le Royaume à lever des milliards de dollars "compte tenu du bilan horrible concernant les droits humains du régime saoudien", en référence notamment à l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. La lettre rappelle enfin, en citant la presse financière, que certains investisseurs ont refusé de prendre part à l'introduction en Bourse d'Aramco pour des raisons environnementales, notamment le singapourien Temasek Holdings.
4,4 % des émissions mondiales
Il faut dire que le bilan de Saudi Aramco s’est considérablement alourdi au fil des années. Le journal britannique The Guardian a publié une vaste enquête dans laquelle il révèle le nom des 20 entreprises qui ont émis pas moins de 480 milliards de tonnes de CO2, soit 35 % des émissions mondiales, depuis 1965.
Sur le podium, on retrouve la compagnie Saudi Aramco avec 59,3 milliards de tonnes de dioxyde de carbone émis, soit 4,4 % des émissions mondiales, suivie par l’Américaine Chevron qui a généré 43,4 milliards de tonnes de CO2. Sur la troisième place, on trouve la Russe Gazprom avec 43,2 milliards de tonnes de CO2.
Ludovic Dupin avec AFP