Publié le 02 août 2023

ENVIRONNEMENT

Jour du dépassement : à partir de ce mercredi 2 août, l’homme vit désormais à crédit

Ce mercredi 2 août, l’humanité a épuisé l'intégralité des ressources naturelles que la Terre peut générer en un an. Ainsi, durant les cinq mois qui restent à l’année 2023, l’humanité vivra à crédit, en utilisant les ressources que la planète n’est plus en mesure de produire. Un jour d’autant plus symbolique au regard du mois de juillet hors normes que nous venons de vivre.

Sécheresse JORGE GUERRERO/AFP
Le "Jour du Dépassement" est un indicateur visant à illustrer le jour où l’humanité a consommé plus de ressources que la planète ne peut en régénérer en un an.
JORGE GUERRERO/AFP

Une planète bleue toujours dans le rouge. Ce mercredi 2 août fixe le jour du "dépassement planétaire" (Earth overshoot day, en anglais). En somme, l’humanité vit depuis aujourd’hui à crédit puisqu’elle a consommé l’ensemble des ressources que la nature peut renouveler en un an, d’après les calculs de l’ONG Global Footprint Network et du WWF.

Cette date symbolique s'accompagne d’un autre chiffre tout aussi frappant. Selon ce même indicateur, créé dans les années 1990, il faudrait l’équivalent de "1,7 Terre" pour subvenir aux besoins de la population mondiale. À noter que les besoins des autres espèces vivant sur Terre ne sont pas pris en compte.

Dépassement

Une date qui ne "recule" toujours pas

Ce fameux jour du dépassement intervient chaque année un peu plus tôt : en 1971, ce seuil était atteint le 24 décembre ; en 1980, le 4 novembre ; en 2000, le 23 septembre ; en 2010, le 9 août ; et en 2022, le 28 juillet… ce qui signifie que cette année, ce jour fatidique a reculé de cinq jours par rapport à l’année dernière.

Il ne faut pas pour autant se réjouir. "Ce recul n’est pas réellement une bonne nouvelle", indique à Novethic Mathis Wackernagel, co-inventeur de l’empreinte écologique et co-fondateur du Global Footprint Network. Car cela est principalement dû à un changement de méthodologie qui intègre des données plus précises. "Le jour du dépassement n'a en réalité reculé que de huit heures", ironise-t-il.

Or, pour tenir nos objectifs climatiques, "il faudrait parvenir à gagner au moins 19 jours par an sur les sept prochaines années", détaille dans un communiqué Jean-Louis Bergey, expert national de la direction Exécutive Prospective et Recherche à l'Ademe. "Le futur n’a jamais été aussi prévisible, explique Mathis Wackernagel. Nous savons que dans tous les scénarios possibles, il y aura plus de changement climatique et toujours moins de ressources"

L’homme accapare toujours plus de ressources naturelles

C’est pour cette raison que le Fonds mondial pour la nature (WWF) s’est attardé cette année sur l’accaparement de l’eau douce, une ressource "en danger", alerte auprès de Novethic le directeur de la biodiversité terrestre du WWF France, Yann Laurans. "C’est une ressource que l’on utilise de plus en plus mal et surtout de manière déséquilibrée". Une raréfaction aujourd’hui perceptible par la multiplication des épisodes de sécheresse. Notamment en France où la grande majorité des département est toujours soumise à des restrictions d'eau et près d'une trentaine est même classée en situation de crise, le niveau maximum d'alerte sécheresse.

Aujourd’hui, 70% de l’eau douce disponible dans le monde est utilisée par le système agroalimentaire industrialisé, et en particulier pour l'industrie de la production carnée. Côté français, plus de moitié de la ressource en eau disponible (57%) est utilisée pour irriguer seulement 7% des terres agricoles. Or, "les autorités n’ont pas pris la mesure du problème, qui est avant tout un problème d’organisation à l’échelle territoriale des manières dont on utilise l’eau et dont on priorise son usage", précise l'expert, qui appelle à une transition vers l'agroécologie et les solutions fondées sur la nature.

Et cette logique devrait s’appliquer à toutes les ressources planétaires. D’ailleurs, la question de l’adaptation est aujourd’hui inévitable pour préserver à la fois les ressources planétaires, mais aussi pour limiter les risques liés au changement climatique. "Et ne pas se préparer est absurde, car nous serons les premiers touchés", prévient Mathis Wackernagel, ajoutant que "si l’on s’adapte dès maintenant, cela aura un impact positif pour le reste de planète".

Blandine Garot


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