Publié le 22 mai 2015
ENVIRONNEMENT
Lutte contre le changement climatique : les acteurs financiers français s'engagent prudemment
"Comment réorienter les milliers de milliards vers une économie bas carbone ?", le slogan du Climate Finance Day, organisé ce vendredi 22 mai à l’Unesco à Paris, montre quel est l’objectif de cette journée. Quel rôle entendent jouer les acteurs français dans ce rendez-vous international qui accueille un millier de participants ? Leurs associations professionnelles y publient une déclaration, mais seule une poignée d’entre eux ont pris des engagements concrets sur le carbone.

Kenzo Tribouillard / AFP
Sept associations françaises rassemblant des acteurs financiers publient une déclaration commune sur le changement climatique, à l’occasion du Climate Finance Day qui se déroule ce 22 mai à Paris. Le texte a été longuement étudié, et chaque virgule mûrement réfléchie, pour que la FBF qui représente les grandes banques, l’AFA qui représente les assureurs mutualistes et privés, l’AFG et l’AFIC qui représentent les gestionnaires de fonds, ainsi que Paris Europlace et l’ORSE (Obesrvatoire pour la responsabilité sociétale des entreprises), puissent le signer.
Un volontarisme certain...
Officiellement, elles soutiennent toutes l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés et s’engagent "en tant que fédérations professionnelles, à encourager, dans un contexte international, les acteurs financiers de la Place de Paris afin qu’ils soutiennent cette déclaration et collaborent à sa mise en œuvre".
Leur incitation à agir passe par cinq volets :
- mener un "dialogue constructif" avec les gouvernements, les négociateurs et les entreprises.
- favoriser les investissements, les financements et les assurances orientés vers des solutions et des technologies bas-carbone.
- intensifier la R&D (Recherche et le développement) et l’innovation.
- intensifier les collaborations avec les entreprises pour réduire la menace et les effets du changement climatique.
- intensifier les collaborations avec les pouvoirs publics et les régulateurs pour créer un cadre favorable à la lutte contre le changement climatique.
Ce texte, long de quatre pages, est un premier signe d’intérêt des financiers français, comme l’explique Michel Laviale, l’animateur du Club Finance de l’ORSE qui a porté le projet : "Nous avions l’objectif d’avoir une prise de parole collective à travers les associations d’acteurs financiers, pour témoigner de leur prise de conscience progressive du sujet climat. Le Climate Finance Day crée un contexte favorable à une certaine accélération." Manque pourtant à l’appel la seule association française porte-parole des investisseurs institutionnels l’AF2I (Association française des Acteurs institutionnels). Sollicitée, elle n’a pas donné suite.
... Mais des engaments concrets à surveiller
Or, quatre d’entre eux ont annoncé la veille avoir pris un engagement plus concret : le groupe Caisse des Dépôts, l’ERAFP, le FRR et l’Ircantec, trois acteurs de la retraite publique qui lui sont liés et gèrent ensemble 82 milliards d’euros. Ils se sont engagés à publier, d’ici décembre 2015, l’empreinte carbone de leur portefeuille d’actions cotées, et à lancer des initiatives pour réduire significativement à terme cette empreinte carbone.
Co-organisateur du Climate Finance Day, le groupe Caisse des dépôts est à l’offensive, ce dont témoigne son directeur général.
Il faudra observer attentivement les engagements pris par les divers acteurs financiers français dans les mois à venir pour mesurer l’impact de la déclaration des associations financières, et voir jusqu’où elle aura réussi à entraîner d’autres acteurs majeurs sur le terrain climatique.
Le texte définitif de la loi sur la transition énergétique pourrait les y aider, si les dispositions concernant leurs obligations de publier des informations sur la prise en compte du changement climatique et le volume des financements verts sont maintenues.
Le débat est en cours. Le vote solennel sur la loi est prévu pour mardi prochain.