C’est une décision exceptionnelle que vient de prendre l’Iran et qui montre notre extrême vulnérabilité face à la crise climatique. Le gouvernement a annoncé le 1er août la mise en place de deux jours fériés pour la fonction publique et les banques en raison d’une vague de chaleur inédite, avec des températures qui ont dépassé les 50 °C. "Le gouvernement a accepté la proposition du ministère de la Santé de déclarer mercredi et jeudi fériés dans tout le pays afin de protéger la santé publique", a déclaré le porte-parole du gouvernement Ali Bahadori Jahromi, cité par l’agence officielle Irna.
L’agence a précisé que cette décision était due à la vague de chaleur "sans précédent" qui balaie le pays. Le ministère de la Santé a appelé la population à rester chez elle entre 10 heures et 16 heures. Selon le porte-parole du ministère, Pedram Pakain, le nombre de coups de chaud signalés ces derniers jours est "alarmant". La province du Sistan-Baloutchistan, dans le sud-est de l’Iran, fait partie des régions qui souffrent le plus de la chaleur, avec un millier de personnes admises à l’hôpital ces derniers jours en raison de problèmes liés à la hausse des températures et à des nuages de poussière, selon Irna.
Un des pays les plus vulnérables au changement climatique
L’Iran, qui compte plus de 85 millions d’habitants, est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique. L’année dernière, en plein mois d’août, le pays avait déjà explosé le record mondial de température avec 53 °C dans la ville d’Abadan à l’ouest. Une température d’autant moins supportable qu’elle est associée à un taux d’humidité particulièrement élevée.
Plus la température de ce "wet bulbe", "thermomètre mouillé" est élevée, moins le corps humain peut évacuer l’humidité en transpirant, l’empêchant de se refroidir. La NASA avait d’ailleurs établi une carte des zones qui pourraient devenir inhabitables dès 2050 en raison de ce "wet bulbe". Le golfe persique, notamment l’Iran, faisait partie des premiers pays touchés.
Des pénuries d’électricité
Au-delà de ces températures records, c’est aussi en raison des pénuries d’électricité que le gouvernement a décrété ces deux jours d’arrêt, explique le journal Payame Ma qui cite une source anonyme au ministère de l’Énergie. "La température élevée et l’augmentation de la consommation d’électricité ces derniers jours ont conduit les centrales hydroélectriques des barrages de Karun-3 et Karun-4 – sur le fleuve iranien au débit d’eau le plus élevé – à produire de l’électricité au-delà de leur capacité nominale", relate le quotidien.
L’écologiste Kaveh Madani, anciennement membre de l’Organisation iranienne de protection de l’environnement et aujourd’hui en exil, a réagi sur Twitter, pointant la défaillance des infrastructures actuelles : "La faillite des réserves en eau, gaz et électricité de l’Iran ne peut être résolue en arrêtant le pays, tout comme le problème de la poussière et de la pollution de l’air ne l’a pas été".
صدها سد هم اگر ساخته باشی، بدون مدیریت درست، در نهایت آب کم میآید!
مشکل #ورشکستگی_آبی و برقی و گازی ایران، با تعطیل کردن درست نمیشود، همانطور که مشکل گرد و غبار و آلودگی هوا با تعطیلی حل نشد. https://t.co/kIXH4jA2E8 pic.twitter.com/siDGatZYAn
— Kaveh Madani (@KavehMadani) August 2, 2023
Certains médias, comme Iran International, estiment que le gouvernement s’est servi de la canicule comme "d’une ruse pour détourner l’attention des pénuries d’électricité, de gaz et d’eau".