Et si on revoyait les performances du CAC40 à l’aune d’une grille permettant de mesurer l’impact réel de ces grandes entreprises sur l’environnement et la société? C’est ce qu’a entrepris la nouvelle agence de notation franco-québécoise Impak Finance qui a dévoilé les scores des grandes entreprises françaises ce 19 février. Le résultat montre une grosse marge d’amélioration pour les 40 plus grosses capitalisations boursières françaises : celles-ci ne dépassent pas le score de 222/1000.

C’est Schneider Electric qui caracole en tête, et de loin de cet Impak French 40. Tout simplement parce que son cœur de métier, l’accès à l’énergie et l’efficacité énergétique, permet de répondre aux plus grands défis mondiaux. Le spécialiste de la gestion de l’énergie cumule ainsi un score de 437 points sur 1000 : 132 points sur 500 pour sa contribution positive, 155 sur 300 pour la réduction de ses impacts négatifs et 148 sur 200 pour sa gouvernance. Un très bon score pour une grande entreprise selon Impak Finance. À titre de comparaison, si elle était incluse, la Croix Rouge cumulerait 650 points sur 1000.

"On nous dit souvent que pour nous c’est facile d’avoir une performance sur ce type de classement vu notre métier, souligne Gilles Vermot-Desroches, le directeur développement durable de Schneider. Mais c’est parce que nous avons su, il y a 20 ans, réorienter notre modèle d’affaires vers la résolution des grands problèmes énergétiques mondiaux et que nous travaillons sur l’ensemble des 17 ODD pour avoir une démarche de développement vraiment durable", précise-t-il. 

 

 

Les scores d'impact du CAC40 développés par Impak finance (Impak IS²MC)

Une approche plus "globale" que les classements ESG traditionnels

Parmi les autres entreprises distinguées, on trouve Legrand, Danone ou Michelin alors que Technip et Total ferment la marche. Les premiers de la classe sont aussi les habitués des classements ESG (environnement, social et de gouvernance) traditionnels, comme le Dow Jones Sustainability Index (DJSI). Mais la logique diffère. Ici, il ne s’agit pas seulement d’évaluer les process et les progrès de l’entreprise en matière de réduction de ses impacts négatifs. Le classement regarde aussi si l’entreprise génère également, via son modèle d’affaires, une contribution positive pour la planète et la société. Alors qu’une entreprise pétrolière peut avoir une note correcte selon une analyse ESG, cela lui sera extrêmement difficile via la notation Impak.

"Notre analyse est basée sur les données publiques de l’entreprise puis passées au crible d’une méthode de référence de la mesure d’impact (1). Nos 20 analystes spécialisés intègrent également 45 bases de données de référence sur les grandes thématiques. Il en ressort un bilan d’impact net permettant aux investisseurs de prendre un choix éclairé pour constituer un portefeuille d’entreprises à fort impact positif ou à fort potentiel de transformation", assure Paul Allard, le PDG d'Impak finance. 

Changer d'échelle et perfectionner la mesure d'impact

C’est bien l’idée de Vega IM, une filiale de Natixis. Elle entend utiliser la méthodologie Impak en complément de son analyse traditionnelle pour sa gestion d'actifs. "Nos clients veulent de la rentabilité mais peu de risques, ce qui est difficile à combiner dans un portefeuille d’actions. L’analyse d’impact nous permet de détecter avec beaucoup plus d'efficacité qu'une analyse ESG traditionnelle les sources cachées de valorisation boursière sur le long terme car les sociétés qui ont le meilleure score d'impact sont celles qui sauront s'adapter et auront une croissance rentable et pérenne", estime Marc Riez, le CEO de la société de gestion, tests à l'appui. 

Impak prévoit une montée en puissance progressive mais intensive des sociétés analysées, du SBF120 aux grandes entreprises mondiales. Mais reste à perfectionner la méthode. Tout comme les analystes ESG, elle se heurte au manque de données publiques sur certains sujets comme la biodiversité, peu renseignés par les entreprises. Face à la complexité de la mesure, Impak a également décidé de mettre en place un comité scientifique avec des personnalités référentes dans leur domaine.

Béatrice Héraud, @beatriceheraud   

 

(1)  La notation Impak est basée sur une méthodologie de référence de la mesure d’impact développée par Impact Management Project  autour de 5 dimensions: qui, quoi, combien, contribution et risque . Un projet qui regroupe près de 2000 grands acteurs internationaux et qui développe une mesure accessible en open source.