Publié le 29 juin 2018
ENTREPRISES RESPONSABLES
Un leadership RSE est en train d'apparaître dans les grandes entreprises
La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) prend de l'ampleur dans tous les types d’entreprises, estime l’ORSE. L'Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises et le cabinet Des Enjeux et des Hommes viennent de publier, avec le soutien de BPIfrance, un "panorama des acteurs de la transformation". Cette vague est également portée le projet de loi Pacte, estiment les auteurs.

NicoElNino
Au moment où la réflexion sur le rôle de l’entreprise bat son plein, une étude (1) réalisée par l’ORSE (Observatoire de la RSE) et le cabinet Des enjeux et des hommes veut apporter "un éclairage sur la façon dont la fonction RSE et la gouvernance de la RSE peuvent être la colonne vertébrale de la transformation de l’entreprise".
Ce panorama des acteurs de la transformation "montre l'émergence d'un leadership RSE, fait d’une alchimie heureuse entre professionnalisme, courage et conviction", estime Hélène Valade, Présidente de l’ORSE (Observatoire de la RSE) et directrice développement durable de Suez. Mais aussi les défis auxquels se heurtent ces mêmes acteurs pour assurer justement cette transformation responsable des business models.
Une fonction incontournable dans les grands groupes
La fonction RSE est jugée "incontournable" par les auteurs de l’étude. Mais si 100 % des entreprises du CAC40 ont une personne en charge, ce taux baisse à 46 % dans les ETI et à 19 % dans les PME. Son rôle est cependant de plus en plus valorisé, montre l’étude : 71 % des répondants estiment ainsi que la reconnaissance de la valeur ajoutée de la fonction a progressé ces cinq dernières années.
Parmi ses principaux apports reconnus, on trouve la capacité à faire collaborer différentes directions sur des projets transverse, à développer le dialogue avec les parties prenantes externes ou encore à proposer une vision stratégique à long terme. Des éléments clés pour transformer l'entreprise en profondeur sur le long terme. Reste à surmonter des obstacles : le manque de moyens humains et financiers, la difficulté à faire comprendre ce qu’est la RSE et la gestion de champs d’expertise vastes.
C'est pourquoi 85 % des entreprises du CAC40 ont développé un réseau de correspondants RSE. Ces correspondants ne sont plus des volontaires, mais des collaborateurs de l’entreprise recrutés sur leur conviction en matière de RSE, mais ayant exercé d’autres fonctions. Ils sont situés à un haut niveau de responsabilité comme des directeur ou des membres du comité de direction. Pour autant, leur mission reste insuffisamment officialisée et ils demandent encore à être davantage armés par des formations et outils dédiés.
RSE et gouvernance
L’étude fait également un focus intéressant sur la façon dont la RSE peut améliorer la gouvernance de l'entreprise, notamment en l'ouvrant à ses différentes parties prenantes. Pour autant, "l’intérêt porté à la RSE par le conseil d’administration est présenté comme relatif", par les retours d’expériences recueillis auprès des personnes interrogées dans le cadre de l’étude.
Deux focus sur des thématiques de gouvernance portées dans le cadre de la loi Pacte et notamment dans le rapport Notat-Senard, montrent le chemin qu’il reste à parcourir. D’abord, sur le terrain des administrateurs salariés, dont le nombre devrait grimper à deux à partir de huit administrateurs et que le code Afep/Medef, dans sa nouvelle mouture, veut placer "au bon niveau stratégique". Aujourd’hui, au sein du CAC40, encore 26 % des administrateurs salariés ne sont présents dans aucun comité rattaché au conseil d’administration. De plus, seuls 18 % d'entre eux font partie du comité RSE.
Concernant les comités de parties prenantes externes, soutenus dans le rapport Notat-Senard mais absents du projet de loi Pacte, seules 28 % des entreprises du CAC40 en ont mis en place. On trouve Michelin, Axa ou Sanofi. Pourtant, selon le rapport Notat-Senard, il s’agit ”probablement de l’une des méthodes les plus efficaces pour permettre à la direction de l’entreprise de viser l’intérêt propre (…). Il permet aux dirigeants de prendre du recul sur leurs décisions, d’obtenir des avis complémentaires sur la raison d’être de l’entreprise, de fournir un aiguillon en faveur de la RSE, et parfois de trouver des solutions à des situations difficiles”.
Béatrice Héraud @beatriceheraud
(1) Le Panorama des acteurs de la transformation 2018 se base sur un sondage effectué auprès de 250 professionnels du secteur avec plus de 50 entretiens individuels réalisés auprès de différentes organisations. Elle se base également sur l’analyse des documents de référence des entreprises du CAC40 publiés en 2018. avec le soutien de BPIfrance et C3 consensus. L'étude complète est disponible ici.