Publié le 15 novembre 2017
ENTREPRISES RESPONSABLES
Exploitation du Cobalt en RDC et travail forcé : Renault pas assez transparent
Amnesty pointe du doigt Renault pour son manque de transparence sur l’extraction du cobalt, destiné aux batteries, en République démocratique du Congo. Cette exploitation comporte un important risque de travail forcé d’enfants dans des conditions extrêmement dangereuses. À l’inverse, Apple est félicité par l’ONG pour sa transparence.

"Les géants industriels ne font pas le nécessaire face aux allégations de travail des enfants dans les chaînes d'approvisionnement en colbalt pour les batteries", déplore l'ONG Amnesty en résumé de son enquête sur la filière en République démocratique du Congo, pays africain qui fournit 50% de la demande mondiale.
Le secteur automobile est sévèrement épinglé dans un chapitre intitulé "La face sombre de la technologie verte", alors que la demande mondiale de cobalt explose : "Les constructeurs de véhicules électriques sont à la traîne par rapport à d'autres secteurs en ce qui concerne les pratiques liées à leurs batteries".
"Renault et Daimler présentent des résultats particulièrement mauvais", soutient Amnesty, qui dénonce "des zones d'ombre" dans leur chaîne d'approvisionnement. L'ONG a d'ailleurs exigé que Renault "assume son devoir de vigilance en République démocratique du Congo", dans une lettre ouverte au PDG du constructeur français, Carlos Ghosn. "C'est pourquoi nous souhaitons vivement recevoir de votre part les informations demandées", ajoute la lettre signée par la présidente d'Amnesty France.
Amnesty se montre plus indulgente avec le secteur informatique et Apple, sa marque vedette, première capitalisation boursière mondiale. "Au début de l'année, Apple est devenue la première entreprise à publier les noms de ses fournisseurs en cobalt".
20 % du cobalt extrait par des creuseurs
Si les sociétés Dell et HP "ont montré des signes encourageants", "Microsoft fait partie des 26 entreprises qui n'ont pas rendu publiques les informations sur leurs fournisseurs", poursuit l'ONG.
Quelque 20 % du cobalt congolais sont extraits à la main dans des mines artisanales par des "creuseurs". "Amnesty international a rassemblé des informations montrant que des enfants et des adultes extraient le cobalt dans des tunnels étroits creusés manuellement et sont exposés au risque d'accidents mortels et de graves affections pulmonaires".
Amnesty étudie également les pratiques du principal fournisseur de cobalt congolais, l'entreprise chinoise Huayou Cobalt, dont la filiale congolaise achète du minerai dans l'ex-Katanga et le revend aux grandes entreprises. "Huyaou Cobalt a réalisé des progrès depuis le rapport de 2016 d'Amnesty, notamment en améliorant sa transparence. Des lacunes subsistent cependant".
La République démocratique du Congo regorge de ressources minières mais reste un des pays les moins développés au monde. La richesse du sous-sol contribue à alimenter les conflits armés qui déchirent depuis plus de 20 ans l'est du pays, en particulier les provinces du Nord et du Sud-Kivu, grosses productrices d'or, d'étain, de coltan et de tungstène.
La Rédaction avec AFP