Publié le 10 juillet 2018
ENTREPRISES RESPONSABLES
Le reporting extra-financier de plus en plus pertinent… mais trop peu consulté
Pour la sixième année, le cabinet Tennaxia a réalisé une enquête auprès d’une centaine d’entreprises françaises pour analyser leurs pratiques en matière de reporting extra-financier. Résultat : ceux-ci sont plus transparents et complets. Mais la question reste de savoir qui lit ces rapports coûteux en temps pour les sociétés…

Seventy Four
La sixième édition de l'étude de Tennaxia sur les reporting extra-financiers des entreprises françaises vient de sortir. Elle est basée sur l’analyse de réponses d'une centaine d'entreprises. On y trouve 45 % de sociétés non cotées, 55 % d'entités cotées et 10% de PME. Les entreprises appartiennent à plus de 12 secteurs d’activités différents. Cinq points saillent dans cette étude.
1. Des entreprises plus transparentes sur leurs objectifs RSE
"La transparence s’impose comme une nécessité", estime Bertrand Desmier, directeur de la Business Line RSE de Tennaxia. 80 % des entreprises du panel publient aujourd’hui leurs objectifs RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). C’est 18 points de plus qu'en 2017. Et plus de la moitié le font vérifier par des tiers indépendants. Par ailleurs, les entreprises du panel mettent de plus en plus en évidence leurs avancées par rapport aux objectifs fixés (82 % en 2018 contre 64 % en 2017). Et quand elles n’atteignent pas leurs objectifs, la grande majorité explique pourquoi elles ne l’ont pas fait.
2. L’analyse de matérialité s’impose
L’analyse de matérialité (c'est-à-dire la prise en compte des risques les plus significatifs pour l'entreprise) s’impose comme l’outil idoine pour identifier les risques ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Si en 2012, 52 % des entreprises interrogées par Tennaxia avaient réalisé une analyse de matérialité, elles sont aujourd’hui plus des deux-tiers à le faire. Cette analyse est de plus en plus présentée en comité de direction (83 % en 2018 contre 70 % en 2016).
Pour autant, les entreprises manquent encore de transparence sur cet aspect. "Trop complexe", "pas assez intelligibles pour les parties prenantes" ou crainte d’une méthodologie trop bancale. Au final, 20 % des entreprises ayant réalisé une analyse de matérialité ne la publient pas et parmi celles qui la publient, seules 25 % dévoilent leur méthodologie complète. Or, souligne le cabinet, "une méthodologie clairement définie, robuste et transparente est un gage de crédibilisation de la démarche RSE vis-à-vis des parties prenantes".
3. Les Objectifs de Développement Durable s'imposent
Un peu plus de deux ans après leur entrée en vigueur, les Objectifs de Développement durable (ODD) sont cités par près de 70 % des entreprises du panel dans leurs rapports extra financier. C’est neuf points de plus que par rapport à 2017. Et un nombre croissant d’entreprises (60 % contre 44 % en 2017) prennent en compte le pilotage des ODD dans leur rapport.
Parmi les thèmes qui se distinguent : la lutte contre le changement climatique. 47 % des entreprises se sont fixé des objectifs s'inscrivant dans une trajectoire bas carbone, notamment via l’initiative Science Based Targets qui s'impose comme la référence en matière de politique climatique. Ainsi "L’article 173 incite les entreprises à s’inscrire dans des trajectoires bas carbone car les investisseurs sont amenés à accentuer la prise en compte de critères environnementaux dans leur politique ESG", souligne Tennaxia.
4. L’influence de la Déclaration de performance extra-financière (DPEF) se fait déjà sentir
16 % des entreprises du panel ont anticipé la mise en œuvre de la déclaration de performance extra-financière (DPEF), issue de la transposition de la directive européenne sur sur le reporting extra-financier. Pour cela, elles utilisent une nouvelle matrice de matérialité, recourent à un accompagnement externe, réalisent une cartographie des risques RSE ou encore mettent en place un pôle risque en interne. Pour la majorité des répondants, le nouveau décret obligera à des changements radicaux avec la création de nouveaux indicateurs (KPIs) et une approche plus synthétique et matérielle.
Le rapport intégré (rapport d'activité intégrant performance financière et extra-financière), qui répond à cette approche, est d’ailleurs en progression : alors qu’en 2017, seulement 12 % des entreprises du panel avaient recours au rapport intégré elles sont désormais près de 22%.
5. Une audience bien trop faible
Enfin, le point noir des informations extra-financières mises en ligne reste leur audience. La moitié des entreprises ne savent pas ni la qualifier, ni la quantifier. Et quand elles la connaissent, elles estiment qu’elle n’est pas à la hauteur de leurs attentes. "Compte-tenu des efforts engagés par les équipes RSE, notamment en termes de ressources humaines, le développement de l’audience de leurs parties prenantes est un futur chantier à mettre en œuvre", estime donc Tennaxia.
Béatrice Héraud @beatriceheraud