Publié le 25 décembre 2020
ENTREPRISES RESPONSABLES
[Anticipation ] Et si avoir une bonne note RSE boostait les prêts, les investissements et les ventes
En 2025, avoir une bonne note RSE conditionne non seulement les ventes mais aussi les prêts, les investissements, les recrutements, les appels d’offres… Un nouveau système, plus responsable, dont le groupe agroalimentaire Super Local est devenu un symbole. En cette période de fêtes, Novethic vous propose une série de récits prospectifs inspirés de cette année pas comme les autres.

@Jane Kelly
C’est le grand jour. Tous les analystes financiers ont les yeux rivés sur les cours de l’action Super Local. Cette chaine de magasins bio, de proximité, qui ne vend que des produits cultivés par des petits producteurs à 150 km à la ronde est entrée en bourse aujourd’hui. Inconnue au bataillon il y a 5 ans, elle est aujourd’hui valorisée à 5 milliards d'euros. Face aux géants de la distribution qui ont vu leur note d’impact environnemental et social dégringoler, celle de Super Local fait saliver l’ensemble des investisseurs. Il faut dire qu’avec ses 800 points d’impact sur 1000, la chaine d’alimentation fait figure de "must have" pour tous les investisseurs en quête de performance sur le long terme.
Depuis l’ouverture des marchés, l’action, introduite à 32 €, a d’ailleurs triplé de valeur. Sans trop de surprise. Il y a un an, son émission obligataire liée à sa contribution à l’Objectif de développement durable "Zéro faim", avait déjà été sursouscrite plus de 6 fois. Grâce à son excellente notation et des objectifs climatiques et sociaux ambitieux, Super local bénéficie aussi de prêts extrêmement avantageux auprès des banques.
Super Local détrône Super Pacher
Au siège, la présidente Myriam Granfray lève virtuellement sa coupe avec les 15 000 salariés du groupe et les 30 000 producteurs qui fournissent les 9 500 magasins à travers l’Europe. Ceux-ci sont plus que fiers de faire partie de cette entreprise qui voit de plus en plus de candidats se presser à ses portes. Grâce à sa politique salariale, ses organes de direction paritaires, sa politique de sobriété énergétique, son engagement en faveur du bien-être animal et de la biodiversité, et surtout, de la juste rémunération des producteurs, Super Local est devenu l’employeur le mieux noté sur le site Macarriereadusens.com qui fait désormais référence auprès des candidats.
Son dernier poste de Directeur de la finance durable a fait carton plein auprès du gratin des directeurs financiers du CAC40…Et sa démarche ayant convaincu le collectif Réveil vert, il croule sous les demandes des jeunes diplômés des grandes écoles. Son ancien concurrent, Super Pacher, est lui dans les limbes. Malgré ses publi-reportages vantant son engagement sur l’accessibilité de ses produits pour les plus pauvres, le distributeur ne convainc plus. Et n’attire plus. Pire, en ce moment même, son PDG annonce un plan de sauvegarde de l’emploi qui va tailler dans 25% des effectifs.
L'Ethiscore a convaincu les consommateurs
La crise du Covid est passée par là : les clients recherchent des produits frais, sains, locaux et qui permettent aux agriculteurs et à leur famille de vivre décemment. Quitte à payer plus cher. L’alimentation est redevenue l’un des postes de consommation privilégiés : qu’y a-t-il de plus essentiel pour assurer sa santé ? Pour John, il n’y a pas photo. Pendant longtemps, il a fait ses courses quasi exclusivement au Super Pacher. Mais depuis que l’Ethicscore est enfin au point après des années de réglages, il peut identifier les produits qui affectent le moins l’environnement, sont fabriqués dans des conditions de travail exemplaires et vendus au prix juste. Et le résultat ne s’est pas fait attendre : il s’est détourné de la chaine. Comme des millions d’autres consommateurs.
Super local a bien quelques produits qui sont classés "orange" mais la proportion est sans commune mesure avec les autres distributeurs. Et il peut préciser ce qui lui pose problème dans ces produits pour que le fabricant l’améliore. Depuis l’an dernier, comme des centaines d’autres marques, SantaClauss a modifié la recette d’un de ses produits phares : le pain d’épices, désormais allégé en sucre.
Mais le succès de Super Local fait des envieux. La marque a déjà fait l’objet de cybermalveillance sur l’application Ethiscore où elle a perdu trois étoiles en quelques jours. Le distributeur sait aussi qu’il va devoir convaincre les agences de notation de la Chine pour se développer davantage à l’international. Les critères sont loin d’être les mêmes qu’en Europe…et l’obtention des licences d’exploitation, publiques comme privées, sont conditionnées pour les entreprises étrangères à l’obtention d’un 5/5.
Béatrice Héraud, @beatriceheraud