Publié le 03 juin 2015
ÉNERGIE
Le charbon a bénéficié de 73 milliards de dollars de financements publics entre 2007 et 2014
Alors que les négociateurs sont réunis à Bonn pour travailler sur le texte de l’accord de la COP21, un rapport dévoile l’ampleur du financement public encore alloué au charbon. Entre 2007 et 2014, 73 milliards de dollars ont été versés par les gouvernements et les institutions internationales pour financer cette industrie. Une grande partie provient des pays de l’OCDE. Le WWF, co-auteur du rapport, leur demande de mettre fin à cette pratique.

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73 milliards de dollars (soit 9 milliards de dollars par an), c’est la somme utilisée par les gouvernements et les institutions internationales, entre 2007 et 2014, pour financer le charbon dans le monde. Selon le WWF, le Natural Resources Defense Council et Oil Change International, à l’origine de l’étude publiée hier, l’ensemble des projets soutenus représentent "près d’un demi-milliard de tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions de l’Italie."
Le Japon, mauvais élève de l’OCDE
Des chiffres embarrassants à quelques mois de la conférence de Paris. D’autant que les pays de l’OCDE participent largement à ce financement à l’export du charbon. Ainsi, le Japon est le pays qui a le plus contribué, investissant plus de 20 milliards de dollars. Avec la Corée du Sud et l’Allemagne, ils représentent à eux trois près de la moitié des financements internationaux pour le charbon. Du côté des pays non-membres de l’OCDE, la Chine et la Russie couvrent 23% de ces financements.
"Beaucoup de gouvernements de pays développés, qui se disent engagés pour le climat, financent dans le même temps l’industrie du charbon à l’étranger", déplore Samantha Smith, directrice de l'Initiative mondiale Climat et Énergie au WWF. "Si ces pays veulent être crédibles à la conférence climat de Paris, ils doivent au plus vite soutenir les énergies renouvelables, plutôt que d’utiliser l’argent des contribuables pour alimenter le changement climatique."
Financer le charbon n'aide pas à lutter contre la pauvreté
Le rapport montre également que ces soutiens au charbon ne participent pas à la lutte contre la pauvreté. "Pas un seul projet de charbon, sur 142, ne concerne un pays à faible revenu en huit ans. Cela remet en question les affirmations de certains gouvernements de l'OCDE, qui justifient leur financement à l’export par l’accès des plus pauvres à l’énergie."
Un quart des fonds versés par les agences de crédit à l’exportation des pays de l’OCDE a bénéficié au contraire à des pays à hauts revenus tels que l’Australie, le Chili ou la Grèce. Et cette tendance est à la hausse entre 2007 et 2014. Alors que la courbe croît de façon moins importante pour les pays à revenus moyens inférieurs.
La France doit servir de modèle
Cependant, un ralentissement des financements publics au charbon est observé en 2014. Cela participe d’un mouvement de désinvestissement qui commence à prendre de l'ampleur. Ainsi les Etats-Unis, qui ont dévoilé leur contribution climat fin mars, veulent s’attaquer aux centrales à charbon. La Banque mondiale a également décidé d’arrêter de financer toutes nouvelles centrales à charbon.
La France avait quant à elle annoncé, lors de la Conférence environnementale, la fin des crédits à l’export pour les projets liés au charbon. Selon Philippe Germa, directeur général du WWF France, elle doit servir de modèle pour convaincre d’autres pays : "La France a donné le ton sur l'arrêt des soutiens publics à l’export aux centrales à charbon. Elle doit maintenant porter cette position au sein de l'OCDE, et influencer ses partenaires au niveau du G7 sur ce sujet."
La réunion ministérielle annuelle des pays de l’OCDE se tient jusqu’à demain, et le G7 aura lieu les 7 et 8 juin. Deux occasions pour Paris de faire entendre sa voix.