Publié le 11 janvier 2023
ÉCONOMIE
Vie chère et crise environnementale : voici les plus gros risques qui pèsent sur le monde
Le coût de la vie, principal problème identifié à court terme par le Forum économique mondial, va-t-il détourner les gouvernements, investisseurs et entreprises des risques à long terme, à savoir la crise environnementale ? C’est la crainte des auteurs du Global Risks Report qui, pour sa 17ème édition, appellent les décideurs à répondre à ces polycrises de manière coordonnée.

KENZO TRIBOUILLARD / AFP
La crise du coût de la vie. C’est le plus grand risque à court terme identifié par le Forum économique mondial (WEF) dans son incontournable rapport des risques mondiaux (Global Risks Report 2023) publié ce 11 janvier. Dans cette nouvelle édition, fruit d’une enquête auprès de 12 000 experts, entreprises et dirigeants, les auteurs du rapport pointent une exacerbation des crises énergétique, inflationniste, alimentaire et sécuritaire liée à la pandémie de Covid-19 et à la guerre en Ukraine.
Or ces risques font craindre, dans les prochaines années une récession et un surendettement, accentuant ainsi le coût de la vie et la pression sur les plus vulnérables qui souffrent déjà. En septembre dernier par exemple, alors que le taux d’inflation approchait les 10 % en moyenne, des manifestations contre la hausse du coût de la vie ont éclaté dans plusieurs pays européens. Allemagne, Belgique, Royaume-Uni, mais aussi Maroc, Ghana, Venezuela… la colère sociale monte dans le monde.
"L’année dernière, la seule augmentation des prix du carburant a provoqué des manifestations dans environ 92 pays, dont certaines ont entraîné des bouleversements politiques et des décès, ainsi que des grèves et des actions revendicatives", notent les auteurs du rapport.
En 2022, le WEF craignait déjà des clivages sociaux liés aux crises sanitaire et économique. Cette fois, la crise sociale est identifiée comme le risque le plus grave dans les deux prochaines années par les spécialistes. "Le résultat est un paysage mondial des risques qui semble à la fois totalement nouveau et étrangement familier", notent les auteurs. D’autant que cette crise pourrait avoir des conséquences sur les mesures prises pour lutter contre l'urgence climatique et écologique.
Appel à une accélération "spectaculaire" de la lutte climatique
"L'année 2023 devrait être marquée par l'augmentation des risques liés à l’alimentation, à l'énergie, aux matières premières et à la cybersécurité, ce qui va perturber davantage les chaînes d'approvisionnement mondiales et aura un effet sur les décisions d'investissement", indique Caroline Klint, co-auteure du rapport et responsable de la gestion des risques pour l’Europe continentale chez Marsh, cabinet d’assurance et de conseil en gestion du risque. "Au moment où les pays et les organisations devraient intensifier leurs efforts de résilience, des vents contraires économiques limiteront leur capacité à le faire", prédit-elle.
Or c’est justement le chemin inverse qu’il faut suivre. Les auteurs du WEF annoncent des compromis difficiles à faire pour les gouvernements dans un monde polycrisé mais ils sont clairs : une accélération "spectaculaire" de l’action face à la crise climatique est nécessaire. "Sans changement de trajectoire, les pays vulnérables pourraient atteindre un état de crise perpétuel qui les empêcherait d'investir dans la croissance future, le développement humain et les technologies vertes", écrivent-ils.
Et pour cause, dans la prochaine décennie, cinq des dix principaux risques mondiaux identifiés sont liés à l’environnement. On trouve ainsi le manque d’action en matière de changement et d’adaptation climatique, les catastrophes naturelles, la perte de biodiversité et la dégradation de l’environnement. "Certains des risques décrits dans le rapport de cette année sont proches d'un point de basculement. C'est le moment d'agir collectivement, de manière décisive et dans une optique à long terme pour tracer la voie vers un monde plus positif, inclusif et stable", appelle le WEF.
Reste à savoir si le message va être entendu dans quelques jours à Davos où une trentaine de chefs d’Etats et de gouvernement, et plus de 600 PDG des plus gros groupes du monde, sont attendus à l’occasion de la 53ème édition du Forum économique mondial.
Marina Fabre Soundron @fabre_marina