Publié le 04 mai 2022

ÉCONOMIE

Guerre en Ukraine : Après le charbon, l'Union européenne veut se passer du pétrole russe

L'Union européenne serre à nouveau la vis. La Commission a présenté le 3 mai un sixième volet de sanctions contre la Russie. Cette fois la présidente Ursula Von der Leyen propose un embargo sur le pétrole russe, après celui du charbon. Une mesure qui doit encore être validée par les Vingt-sept. La question d'une exclusion du gaz russe ne fait toujours pas consensus deux mois après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. 

Ursula von der leyen
Ursula von der Leyen, présidente de la commission européenne, anime les débats autour des conséquences économiques et sociales de la guerre en Ukraine.
Commission européenne

Dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 mai, la Commission européenne a présenté un projet d’embargo sur le pétrole et les produits pétroliers achetés à la Russie. Cette sixième mesure du paquet de sanctions contre Moscou, qui suscite encore des réserves, prévoit un arrêt progressif des achats européens sur une période de six à huit mois, jusqu’à fin 2022, avec une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie. Ces deux pays, enclavés et totalement dépendants des livraisons par l’oléoduc Droujba, pourront continuer leurs achats à la Russie en 2023, a précisé un responsable européen. 

Cette dérogation pose problème, car la Bulgarie et la République tchèque veulent également en bénéficier, ont expliqué des diplomates informés des discussions menées par la Commission. "Il faut éviter l’effet contamination, tout le monde va vouloir des exemptions. Il va falloir trouver les bonnes solutions", a confié un responsable européen. "Il y a des pays qui ne pourront le supporter", dont la Bulgarie qui dépend quasiment 100% du pétrole russe, a averti dimanche à la télévision son Premier ministre Kiril Petkov.

La mesure doit encore être adoptée par les Vingt-sept, et les négociations s'annoncent difficiles.  La Hongrie a rejeté le texte "sous sa forme actuelle", jugeant qu'une telle mesure "détruirait complètement la sécurité énergétique" du pays, qui dépend de la Russie à 65% pour le pétrole et à 85% pour le gaz, selon le porte-parole du gouvernement hongrois, Zoltan Kovacs. La Russie a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l’UE en 2021, a indiqué le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, ce qui représente deux tiers de ses exportations.

L'épineuse question du gaz

Si l'Union européenne est parvenue a un accord sur un embargo sur le charbon russe, et que le pétrole pourrait bientôt subir le même sort, une exclusion du gaz n'est toujours pas d'actualité. L'Allemagne, plus grand importateur de gaz russe au monde, s'y oppose fermement, sous pression notamment du leader de la chimie BASF qui brandit la menace de la "pire crise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale" en cas d'embargo. Une situation en demi-teinte difficile à tenir alors qu'à la suite du refus de l’Union Européenne de payer le gaz en roubles, la Russie a fermé le robinet de la Pologne et de la Bulgarie.

Le commissaire européenne au commerce, Thierry Breton, s'est dit "prêt" à un embargo sur le gaz mais il faut y aller "crescendo", expliquait-il sur France Info le 30 avril. Pour se défaire de la dépendance, l’Union Européenne a notamment misé sur le Gaz Naturel Liquéfié américain. Une mesure décriée par les ONG environnementales, le GNL ayant un impact carbone particulièrement lourd. Or un rapport publié fin mars par plusieurs think-tanks européens estime qu'il serait possible pour l'UE de se passer du gaz russe sans mettre à mal ses objectifs climatiques fixés par l'Accord de Paris. Pour cela, le continent doit déployer rapidement et massivement des énergies propres notamment. 

Fanny Breuneval avec AFP


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