C’est une course que Mitsubishi Motors (MMC) vient de perdre. La marque automobile japonaise a décidé, selon le journal Nikkei, de quitter le marché chinois en raison de la chute de ses ventes dans le pays. Il faut dire que le trop lent virage vers l’électrique de Mitsubishi dans un pays où l’appétit grandit pour ce type de voiture a été fatal pour l’entreprise. L’année dernière, ses ventes ont ainsi atteint 38 550 unités soit une chute de 60%.
L’annonce n’est pas une surprise puisque le constructeur avait annoncé au mois de mars qu’il allait suspendre ses activités et licencier des centaines d’employés du site de Changsha dans le Hunan pour pouvoir préparer une restructuration. Mais cette dernière n’aura finalement pas lieu. Selon le média The Japan Times, une note de l’entreprise diffusée sur les réseaux sociaux chinois datant du 12 juillet indique que les ventes ont dégringolé plus vite que prévu en raison de l’évolution vers les véhicules électriques.
Le rouleau-compresseur chinois
"Sur le marché chinois, où les véhicules électriques deviennent très populaires, les ventes des constructeurs japonais, qui vendent principalement des véhicules à moteur, restent atones", remarque ainsi Nikkei. "Au total, il s’est vendu plus de 26 millions de voitures neuves en Chine l’année dernière. Les ventes combinées de véhicules électriques, de véhicules hybrides rechargeables et de véhicules à pile combustible, ont atteint un niveau record de plus de 6,8 millions", résume le journal. Cette année, les prévisions montent à 9 millions de véhicules électriques vendus sur le marché chinois.
Toyota, Nissan, Honda… tous les constructeurs japonais sont dépassés par les marques chinoises. Seul l’américain Tesla a réussi à se positionner très rapidement dans le milieu de gamme. Il faut dire que la Chine est devenue en quelques décennies une puissance industrielle automobile, soutenue par le gouvernement. Sur l’électrique, les marques nationales représentent ainsi les trois quarts des ventes dans le pays. Et elles ne grignotent pas seulement des parts de marché sur leur territoire.
Bras-de-fer entre l’Europe et la Chine
Les exportations des véhicules électriques chinois ne cessent d’augmenter, tirées par des prix défiants toute concurrence. L’année dernière, le pays est ainsi devenu le premier exportateur au monde de voitures électriques, avec un prix moyen de 10 000 dollars pour un petit véhicule, contre 30 000 en Europe. Mi-septembre, la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen a ainsi ouvert une enquête sur les subventions chinoises aux véhicules électriques qui maintiendraient les prix "artificiellement bas". S’il s’avère que des infractions aux règles commerciales ont bien été commises, l’UE pourrait instaurer des droits de douane punitifs aux véhicules électriques chinois.
Problème : la Chine contrôle la grande majorité des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries. Le 20 octobre, Pékin a ainsi annoncé des mesures de restrictions sur l’exportation des produits en graphite, nécessaires à la fabrication des batteries électriques. Cette mesure prendra effet à partir du 1er décembre prochain. Officiellement, le pays veut assurer sa sécurité nationale. Officieusement, cette décision est perçue comme une réplique à l’enquête européenne. Reste à savoir qui sortira gagnant de ce bras de fer alors que l’Europe et les États-Unis tentent de plus en plus de s’affranchir des importations chinoises.