Publié le 30 septembre 2022
ÉCONOMIE
Les énergies propres comptent désormais plus de travailleurs que les énergies fossiles
Une première : les énergies décarbonées représentent désormais plus de la moitié (56%) des emplois dans l'énergie avec près de 35 millions d’employés dans le monde, selon un rapport de l'Agence Internationale de l'Energie (AIE).

CCO
La transition énergétique est enclenchée : pour la première fois, le nombre d’emplois dans les énergies décarbonées dépasse celui des énergies fossiles. Au total, un peu plus de 35 millions d’emplois sont désormais liés aux énergies propres sur les 65 millions de postes dans le secteur de l’énergie, selon le rapport World Energy Employment (WEE) de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
"Nous estimons que l'emploi total dans le secteur de l'énergie en 2021 a augmenté d'environ 1,3 million par rapport à 2019 et pourrait augmenter de six points de pourcentage supplémentaires d'ici 2022. L'énergie propre représente la quasi-totalité de la croissance de l'emploi dans le secteur de l'énergie", peut-on lire dans le rapport. Les emplois dans ces énergies propres, selon le WEE, comprennent ceux en amont, comme la construction de panneaux solaires et la production de cultures pour les biocarburants, ainsi qu'en aval, comme l'exploitation de parcs éoliens, l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments ou la vente de véhicules électriques.
"Les emplois dans les énergies renouvelables restent résilients, et il a été prouvé qu'ils constituent un moteur fiable de création d'emplois. Je conseille aux gouvernements du monde entier de mener des politiques industrielles qui encouragent la création d'emplois décents dans le secteur des énergies renouvelables", lance ainsi Francesco La Camera, directeur général de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).
La Chine capte 30 % de la main d’œuvre du secteur
À l’inverse, le secteur pétro-gazier a été parmi les secteurs économiques ayant le plus licencié au début de la pandémie, et s'il embauche de nouveau, il n'a pas encore retrouvé son niveau d’avant la pandémie, souligne le rapport. Par ailleurs, dans le pétrole et le gaz, les embauches sont souvent liées au développement de nouveaux projets, notablement les infrastructures de gaz naturel liquéfié (GNL).
Ainsi, au total, un tiers des effectifs travaillent aujourd'hui dans la production de combustibles (charbon, gaz, pétrole, bioénergies), un tiers dans le secteur électrique, et un tiers dans les usages finaux (efficacité énergétique mais aussi construction automobile et batteries).
Par ailleurs, la moitié des emplois se trouve en région Asie-Pacifique et en particulier en Chine, qui compte 30 % de la main d’œuvre du secteur. Ces chiffres s'expliquent par l'implication de la région dans la production d'équipements, notamment dans les énergies solaires, les batteries ou encore les véhicules électriques. Ces biens sont destinés à la consommation locale mais aussi à l'export, note l'AIE dans ce rapport.
14 millions d'emplois créés d'ici 2030
Le fossé entre les deux sources d’énergies devrait se creuser. Tous les scénarios envisagés par l'AIE anticipent une augmentation du nombre d'emplois dans les énergies vertes et un déclin des énergies fossiles. En effet, l'atteinte de la neutralité carbone en 2050 aura pour conséquence une transformation des secteurs de l’économie, et donc de la demande en main-d’œuvre et de l’emploi. Au contraire, l'AIE estime qu'il faut cesser immédiatement tout nouveau projet de prospection pétro-gazière pour atteindre cet objectif.
Celui-ci entraîne parallèlement la création de 14 millions d'emplois d'ici 2030 dans les énergies propres, et le transfert de 16 millions d'autres, selon l'institution, émanation de l'OCDE. Pour ne pas rater le coche, "les gouvernements devront se concentrer sur la formation professionnelle et le renforcement des compétences, pour s'assurer que la transition profite au plus grand nombre", prévient l'AIE.
Mathilde Golla @Mathgolla