Et si les pays étaient aussi notés en fonction des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ? C’est ce que propose, dans une nouvelle étude publiée ce 8 mars, Global Risk Profile (GRP), une entreprise suisse spécialisée dans l’évaluation et la gestion des risques tiers. "La loi sur le devoir de vigilance, qui oblige les grandes entreprises à prévenir les risques ESG sur l’ensemble de leur chaîne de valeur, suggère de faire une analyse exogène par pays", explique à Novethic Sonia Thurnherr, responsable du pôle recherche et développement de GRP.

Pour la cinquième édition de ce rapport, les nouvelles sont plutôt mauvaises. De manière globale les performances mondiales en matière de durabilité sont en baisse "malgré l’importance accrue accordée aux thématiques RSE et aux objectifs de durabilité ainsi que la mise en place d’initiatives RSE et de législations contraignantes dans le monde entier", notent les auteurs du rapport. Sur les trois piliers permettant l’évaluation, à savoir l’environnement, les droits humains et la santé / sécurité des personnes, les deux derniers critères restent plutôt stables. C’est le premier, l’environnement, qui pêche.  

La France, 42e sur 190

Principale raison de cette chute des scores environnementaux : la reprise de l’économie post-confinement qui a entraîné une hausse des émissions de gaz à effet de serre après une période d’accalmie. Sur ce point, la France est particulièrement mal classée. Elle figure à la 42e place sur un total de 190 pays. "On constate des efforts pour diminuer les émissions mais la consommation des produits et services est mise de côté. Or, la production de ces biens en Asie, notamment en Chine et la pollution liée aux transports, sont très impactants et pas pris en compte", souligne Sonia Thurnherr. "Ces émissions importées sont oubliées et ce en Europe de manière générale. Nos modes de consommation ne sont pas adaptés à la protection de l’environnement". La France se place ainsi au 80ème rang des plus grands émetteurs par habitant sur Terre, rappelle GRP. 

Reste que, grâce à de très bons résultats en santé et sécurité des personnes (5ème place), la France parvient à se hisser à la 17ème position du classement général de ce score ESG, derrière la Belgique et les Pays-Bas. Le podium est occupé comme les années précédentes par trois pays nordiques : la Finlande, l’Islande et la Norvège. Côté Asie, les géants chinois et indiens ont tous les deux reculé, s’établissant à la 118ème place pour la Chine et la 145ème pour l’Inde. La Mongolie a subi la chute la plus spectaculaire dégringolant de 27 places. "La mise en place de mesures pour contrôler la propagation de la Covid-19 en Mongolie a révélé des défis majeurs en matière de droits, notamment la liberté d'expression, la liberté de réunion pacifique et le traitement des travailleurs de la santé", notent les auteurs.

Pour établir ce classement, l’entreprise suisse a fouillé dans 65 bases de données d’une vingtaine d’entités internationalement reconnues comme la Banque Mondiale, le Word economic forum ou encore l’Organisation mondiale de la santé. De manière générale, c’est l’Europe qui est la mieux positionnée du classement, loin devant l’Amérique du Sud et l’Amérique du Nord. 

Marina Fabre Soundron