Novethic publie depuis 2019 un panorama des labels européens, permettant d’analyser les évolutions du marché des fonds durables qui font certifier leurs processus d’investissement par un label. Ils ont passé le cap des 2 000 fonds labellisés au 31 juillet 2023 pour plus de 1 307 milliards euros d’encours. Mais si la dynamique est bonne, les refontes en cours d’une majorité de labels, dont les labels publics français, Greenfin et ISR, compliquent la lisibilité des garanties qu’ils offrent aux épargnants.

Près de 80 % des fonds labellisés européens sont classés en Article 8 SFDR et le chiffre est sensiblement le même pour les fonds labellisés ISR. C’est un premier paradoxe puisque la labellisation certifie une exigence supplémentaire faite par le promoteur d’un fonds. L’analyse menée par Novethic montre qu’il y a finalement une relativement faible corrélation entre les démarches de labellisation et le choix de proposer des fonds Article 9 donc différenciant par rapport aux grands indices de référence. Sans surprise c’est le label Greenfin, doté d’exigences environnementales fortes qui est le plus attribué à des fonds Article 9 (77 %).

Les fonds labellisés sont très majoritairement “Article 8”

Le Réglement SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation) doit être révisé et la consultation européenne vient d’être lancée mais il est intéressant de souligner que le système d’autoclassification vient corroborer une autre analyse de Novethic. Les taux d’alignement des fonds labellisés sur la taxonomie restent très faibles. La majorité des fonds labellisés ne prennent à ce jour aucun engagement d’alignement minimum du portefeuille. Quant à ceux qui annoncent un engagement, le taux d’alignement moyen à la taxonomie ne dépasse pas les 10 %. Dans le détail, en France, l’alignement taxonomique moyen des fonds labellisés ISR est évalué à 5,60 % (74 fonds étudiés), et 21,5 % pour le label Greenfin, sur 14 fonds. Ces chiffres interrogent sur les garanties environnementales voire sociales de ces placements. Alors qu’enquête après enquête il se confirme que la demande des épargnants de pouvoir investir dans des produits crédibles finançant des modèles économiques plus durables, l’offre reste décalée et réticente à utiliser la taxonomie comme instrument de lutte contre le greenwashing.

En attendant la refonte des référentiels des labels ISR et Greenfin

L’exclusion des énergies fossiles est devenue LE symbole de ce décalage entre l’offre et la demande. Les labellisateurs s’efforcent de s’aligner progressivement. Le belge Towards Sustainability a pris la décision d’exclure explicitement, au-delà de l’armement et du tabac, le charbon, le pétrole et le gaz non conventionnel, ainsi que les entreprises aux scenarios de transition les moins crédibles dans les secteurs du pétrole, du gaz et de la production d’électricité. En France, la refonte proposée par le comité du label ISR cet été attend le verdict du Ministère des Finances, propriétaire du label. Elle propose de fixer des critères exigeants pour le secteur du pétrole et gaz afin de ne pas pouvoir sélectionner dans les fonds labellisés ISR les majors pétrolières qui ne satisfont pas à ces critères. De son côté le label Greenfin, propriété du Ministère de la transition écologique, souhaite intégrer la taxonomie à son référentiel en 2024 et mettre fin à l’exclusion systématique du nucléaire et du gaz.

1 307 Md €
L’encours total des fonds labellisés au 31 juillet 2023.
80 %
La part des fonds labellisés européens sont classés en Article 8 SFDR.
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