Jamais deux sans trois…échecs. La troisième COP de l’année, la COP16 Désertification, qui se tenait à Riyad, en Arabie saoudite, du 2 au 13 décembre, s’est terminée sans accord sur la mise en place d’un protocole contraignant sur la sécheresse et d’un fonds associé, ardemment réclamés par les pays africains. Ses deux “grandes sœurs”, la COP16 Biodiversité et la COP29 Climat, qui se sont tenues un peu plus tôt dans le semestre, avaient elles aussi été décevantes.
“Les parties ont besoin de plus de temps pour se mettre d’accord sur la meilleure façon d’avancer”, a conclu Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la COP16, dans la nuit de vendredi à samedi 14 décembre. Les pays ont “fait des progrès significatifs en jetant les bases d’un futur régime mondial de lutte contre la sécheresse, qu’ils ont l’intention d’achever lors de la COP17 en Mongolie en 2026”, précise le communiqué de presse diffusé dans la foulée.
Plus de 12 milliards de dollars
Si aucun accord n’a pu être adopté lors des négociations formelles, le Partenariat mondial de Riyad pour la résilience face à la sécheresse, lancé par l’Arabie saoudite, pays hôte de la COP16, a permis de mobiliser plus de 12 milliards de dollars pour soutenir 80 des pays les plus vulnérables au monde dans le renforcement de leur résilience à la sécheresse, dont 10 milliards de dollars provenant du Groupe de Coordination Arabe.
L’initiative de la Grande Muraille Verte (GMV), menée par l’Afrique pour restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées, a également mobilisé 11 millions d’euros de la part du gouvernement italien pour la restauration des paysages au Sahel et 3,6 millions d’euros du gouvernement autrichien pour renforcer la coordination et la mise en œuvre de l’initiative dans 22 pays africains.
En outre, les Etats-Unis et plusieurs pays partenaires ainsi que des organisations ont annoncé un total de près de 70 millions de dollars d’investissements pour faire avancer la “Vision pour les cultures et sols adaptés”. Cette initiative vise à bâtir des systèmes alimentaires résilients, basés sur des cultures diversifiées, nutritives et adaptées au climat, cultivées dans des sols sains.
Agroécologie
De cette COP, la plus grande jamais organisée sur cette thématique et la première organisée dans cette région du monde, on peut aussi retenir qu’une trentaine de décisions ont été adoptées sur des sujets clés “notamment la migration, les tempêtes de poussière, le renforcement du rôle de la science, de la recherche et de l’innovation, ainsi que l’autonomisation des femmes pour relever les défis environnementaux“, liste le président de la COP16, Abdulrahman Al Fadley.
“Les décisions ont également introduit de nouveaux thèmes à l’agenda, notamment les parcours pastoraux et les systèmes agroalimentaires durables sur le plan environnemental“, a ajouté le président de la COP16. L’agroécologie est notamment citée dans la déclaration finale. Le climat n’apparaît toutefois dans aucun texte, en raison du refus de l’Arabie saoudite, selon une personne informée des discussions, citée par le Financial Times.
L’Arabie saoudite a été accusée d’avoir activement participé aux blocages des discussions sur l’atténuation lors de la COP29 de Bakou sur le climat, mais aussi d’avoir empêché un accord sur un traité plastique contraignant. En accueillant la COP16 Désertification, sujet le moins controversé de l’agenda climatique, le pays souhaitait redorer son blason. Finalement, le bilan est plutôt mitigé et les voix appelant à une fusion des trois COP se multiplient.