Publié le 15 octobre 2024

Le climat se hisse encore en tête du top 10 des futurs risques anticipés par la population mondiale, devant l’instabilité géopolitique et la cybersécurité. Mais cette année, la onzième édition de l’Enquête sur les risques du futur d’Axa montre un sentiment de vulnérabilité face aux risques de plus en plus élevé et généralisé. Et des réponses des pouvoirs publics qui ne convainquent pas.

Le changement climatique reste en haut du podium pour la troisième année consécutive des risques qui auront le plus d’impact dans les dix prochaines années, selon le palmarès établi tous les ans par Axa. La onzième édition de l’Enquête sur les risques du futur, qui interroge 19 000 personnes de 15 pays et 3000 experts de 50 pays, dresse un tableau inquiétant du monde qui nous attend. “On voit une cristallisation des risques les plus préoccupants : 9 d’entre eux étaient déjà dans le top 10 en 2021, souligne Alice Tétaz, directrice d’études chez Ipsos, l’institut qui réalise l’étude. C’est une tendance inquiétante car cela montre qu’il n’y a pas de réponse satisfaisante apportée face à ces risques.

L’année 2024 se caractérise aussi par une augmentation forte du risque pour la sécurité des personnes. L’instabilité géopolitique fait toujours partie du top 3 des préoccupations des sondés, mais cette année, les risques liés aux mouvements sociaux, ainsi que les nouvelles menaces contre la sécurité et le terrorisme montent de plus en plus haut dans le palmarès (respectivement 5ème et 8ème). “Nous sommes bien dans un monde en polycrises, c’est-à-dire que les populations et les experts ont un sentiment très fort de multiplication des crises qui est ressenti dans la vie quotidienne des gens“, souligne Etienne Mercier, directeur du département opinion d’Ipsos.

Les risques sur l’environnement, parmi les plus grandes craintes

Cette persistance globale de ces risques fait par ailleurs émerger un nouveau phénomène dans la population. Ils ne sont en effet plus perçus comme étant lointain, mais sont au contraire vécus au quotidien sur toute la planète. “Le sentiment de vulnérabilité n’a jamais été aussi élevé que cette année, par rapport aux onze éditions précédentes, s’alarme Etienne Mercier. Sur les 25 risques testés, on observe des records de sentiment de vulnérabilité sur 22 risques dans la population générale.

Ceux liés à l’environnement font notamment partie des plus grandes craintes des citoyens, la pollution et le changement climatique en tête, 77% des interrogés s’estimant vulnérables, en progression de quatre points par rapport à l’année précédente. La technologie les inquiète également de plus en plus, qu’il s’agisse de l’émergence de l’intelligence artificielle dont le sentiment de vulnérabilité augmente de 8 points, des innovations de santé (+5 points), ou plus généralement des technologies de rupture (+6 points). Les risques liés à l’intelligence artificielle et au Big Data avaient d’ailleurs fait leur entrée dans le top 10 des principaux risques futurs en 2023.

Ces craintes exprimées dans le rapport d’Axa prennent leur fondement dans le quotidien de la population. L’enchaînement incessant d’événements climatiques aux conséquences désastreuses fait notamment prendre conscience de la réalité concrète du changement climatique. Face à cela, la confiance dans les autorités publiques pour trouver des solutions s’érode. Seules 32% des personnes interrogées estiment que les pouvoirs publics sont bien préparés face à ce risque. Les experts sont encore plus sévères, avec seulement 14%.

Augmentation du coût de l’assurance à prévoir

Les assureurs, de leur côté, doivent parvenir à continuer de fournir des polices d’assurance dans un monde de plus en plus risqué. Pour Frédéric de Courtois, directeur général adjoint d’Axa, cela implique notamment de diversifier les compétences de leurs collaborateurs et les technologies. “Le rôle de l’assureur a toujours été de s’appuyer sur les données du passé. Aujourd’hui, les changements sont tellement nombreux et incertains que nous devons nous tourner vers l’avenir, pour tenter de prévoir“, explique-t-il.

C’est tout particulièrement le cas pour le changement climatique. L’assureur veut ainsi diversifier les compétences de ses collaborateurs, en ne s’appuyant plus seulement sur des actuaires mais aussi des climatologues, des météorologues, des data scientists, etc. “Nous allons aussi devoir accepter de prendre plus de risques d’assurance pour être capables d’assurer ces aléas même quand on n’en connaît pas totalement les contours“, reprend Frédéric de Courtois. Le prix de l’assurance va aussi s’en ressentir, pour refléter le coût du risque. Pour les catastrophes naturelles, certaines zones deviendront néanmoins inassurables et, selon Axa, il appartiendra aux pouvoirs publics de les identifier. “Il faut que chacun fasse son job“, estime l’assureur.

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