Publié le 20 avril 2024

Unilever a passé au crible 27 lobbys dont il est membre pour vérifier leurs positions sur le climat. Huit ne sont pas alignés et le groupe se réserve le droit de ne pas renouveler son adhésion si ces organisations professionnelles n’améliorent pas leurs engagements climatiques. Chaque semaine, Novethic propose un billet LinkedIn qu’il ne fallait pas manquer.

Unilever ne veut plus être membre de lobbys climato-sceptiques. L’industriel au plus de 400 marques dans l’agroalimentaire et les produits d’entretien a décidé de passer en revue les politiques climatiques des organisations professionnelles dont il est membre pour s’assurer qu’elles sont bien alignées avec ses propres engagements. Ou pour les quitter, comme le groupe l’avait déjà fait avec la Chambre de commerce américaine il y a quelques années. Son premier rapport “Climate policy engagement review“, publié cette année, analyse ainsi 27 organisations professionnelles internationales auxquelles il cotise, de l’Association brésilienne de l’industrie alimentaire, au Conseil européen de l’industrie chimique, en passant par FoodDrinkEurope. Sur les 27, huit affichent des positions contraires à une ou plusieurs des priorités climatiques d’Unilever.

Les 19 qui pensent s’en tirer à bon compte, ne sont toutefois pas exemptes de tout reproche. L’une d’entre elles, l’association brésilienne de l’industrie alimentaire (Abia), n’a pas de position claire sur le sujet, elle n’est donc pas classée. Huit n’ont tout simplement pas évoqué le sujet du climat en public (Consumer goods forum, Cosmectics Europe, Food industry Asia, etc.) et quatre ont des engagements trop faibles (National business initiative en Afrique du Sud, Sustainable food policy alliance aux Etats-Unis, FoodDrinkEurope, etc.).

Le risque du plus petit dénominateur commun

Rebecca Marmot, la directrice du développement durable d’Unilever, reste indulgente avec ces associations peu actives. Dans un article publié sur le site de l’industriel, elle écrit que “dans beaucoup de cas, les associations professionnelles jonglent avec des pressions concurrentes internes et externes, ce qui résulte souvent en l’adoption d’un plus petit dénominateur commun“. Mais cette explication ne vaut pas excuse. Le groupe de biens de consommation veut désormais faire monter en gamme les lobbys pour qu’ils participent réellement à la mise en place, avec les autorités publiques, de réglementations favorables au climat.

Son Climate policy engagement review détaille ainsi, pour chacune des 27 associations, les mesures qu’Unilever compte prendre dans les douze mois pour les aider à s’améliorer. Dans la plupart des cas, il s’agit d’encourager l’association à être plus active pour promouvoir le climat auprès des pouvoirs publics, à prendre des engagements “net zero”, à mettre en place une feuille de route… “Nous voulons que nos associations soient des catalyseurs pour des changements réglementaires positifs, et si elles ne le peuvent pas, nous nous réservons le droit de retirer notre adhésion“, soutient Rebecca Marmot.

“On arrive enfin au sujet”

Dans un billet LinkedIn, Alison Taylor, professeure à la Stern school of business de l’université de New York, salue l’initiative du groupe agroalimentaire. “Les gens n’arrêtent pas de me demander ce qui se passe avec l’ESG au niveau des entreprises. Il y a au moins des signes que nous pivotons vers des stratégies plus ciblées et plus réalistes. Unilever en est un bon exemple“, écrit-elle.

La démarche d’Unilever est en effet innovante, d’autant que des ONG comme InfluenceMap dénoncent régulièrement le double discours des entreprises sur la réglementation climatique. En leur nom propre, elles affichent des engagements de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, tandis que leurs associations s’activent dans l’ombre pour miner les réglementations environnementales.

Unilever a maintenant des engagements plus spécifiques et plus concrets, reprend Alison Taylor sur LinkedIn. Et elle entreprend des démarches robustes pour aligner son approche de durabilité avec ses positions politiques en menaçant de se retirer des organisations professionnelles non alignées. On arrive enfin au sujet !

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