Publié le 13 décembre 2023
Lancé en 2019 en pleine vague d’engagements sur le climat des acteurs financiers, l’Observatoire de la finance durable qui incarnait leur volonté d’exemplarité sur la transparence, ne sera plus rattaché à l’Institut de la finance durable mais à une nouvelle structure : la fondation PARC (Paris Agreement Research Commons) rattachée à l’institut Louis Bachelier. Ce changement de statut devrait permettre de préserver les données issues des travaux de l’Observatoire à des fins de recherche en diminuant la pression exercée par les professionnels autour de la communication des résultats annuels.

Le lancement de l’Observatoire de la Finance Durable en 2019 sous l’égide de Bruno Le Maire, déjà ministre de l’Économie et des finances, traduisait les grandes ambitions de la Place de Paris désireuse de jouer un rôle d’exemplarité et d’entrainement. Son “ambition était de contribuer à la transparence, au suivi et à l’évaluation de la transformation progressive des acteurs financiers français“. Banques, assureurs, sociétés de gestion, capital investissement et autres sociétés de financement de crédit se sont engagées à “donner des indicateurs de lecture tout particulièrement orientés sur le climat et l’alignement sur les objectifs de l’Accord de Paris“.


À cette époque, la bannière française de la finance durable s’appelait encore Finance for Tomorrow et participait au programme européen Finance Clim’Act, porté par l’Ademe. Deux types de rubriques ont été intégrées à l’Observatoire : le suivi des engagements de près de 300 acteurs financiers et les données sur la transformation des pratiques et flux financiers. Cela permet d’avoir des informations sur le pourcentage d’acteurs financiers membres de l’Observatoire qui ont des objectifs climat. 38% en 2022 soit quatre points de plus qu’en 2021, mais la croissance ralentit franchement. La tendance est même à la régression pour le pourcentage de sociétés de gestion ayant rallié leur initiative sectorielle sur la neutralité carbone, 22% en 2022 contre 27% en 2021. Même mouvement pour les empreintes carbone : 58% en 2022 contre 76% en 2021. Ou encore la structuration de Green Bonds : 95 milliards d’euros en 2021, cinq de plus qu’en 2022.

Tensions sur les cibles climatiques

Ce lent déclin des pratiques découlant des engagements climat est en grande partie la source des tensions avec les fédérations bancaires et assurantielles chargées de communiquer les données de leurs membres à l’Observatoire. En 2023, la méthodologie de publication a été modifiée mais le message est resté le même. En se basant sur la méthodologie des initiatives de neutralité carbone liées au GFANZ on peut constater que les trois diagrammes classés par métiers (asset managers, asset owners et banques) indiquent qu’aucune de ces catégories n’atteint ses cibles climatiques même si les sociétés de gestion semblent mieux faire que les deux autres. 

La fondation PARC (Paris Agreement Research Commons) qui sera lancée début 2024 à l’issue de la fusion entre l’Observatoire et le Climate Transparency Hub (CTH) de l’Institut Louis Bachelier, va faire naître une “plate-forme de référence en matière de suivi et de transparence pour la transition écologique dans la finance mais également un levier de diffusion internationale de ses travaux”.

Nouveaux éléments moteurs pour développer l’Observatoire

Ses quatre axes de travail sont les suivants :

  • Publier les données réglementaires issues des reportings liés à l’article 29 de la Loi Energie Climat en open data, avec une couche d’analyse permettant une meilleure lisibilité et comparabilité des reportings ;

  • Suivre les engagements Net Zero des acteurs financiers ; 

  • Continuer, au moins pour 2024, le suivi des engagements selon les principes arrêtés avec l’ACPR (régulateur des investisseurs institutionnels) dans le cadre du programme européen LIFE ;

  • Suivre l’alignement de l’ensemble de l’économie, avec un focus particulier sur l’échelle européenne, voire internationale, pour mettre en perspective l’avancée de la place de Paris.

La pérennité des données actuelles fournies par l’Observatoire n’est donc pas garantie au-delà de l’année prochaine. En revanche, l’adossement à la nouvelle fondation PARC va lui apporter trois éléments moteurs :  un ancrage académique pour assurer la robustesse des publications, une ouverture européenne dans un premier temps, puis internationale, pour élargir le périmètre du benchmarking au-delà des seuls acteurs français et enfin le support des laboratoires existants sur la collecte et l’analyse des données, ainsi que le recours à l’intelligence artificielle pour développer des outils d’évaluation capables de s’affranchir du reporting volontaires des acteurs financiers.■  

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes