Publié le 10 octobre 2019
Gros revers pour la France, sa candidate au poste de Commissaire européen a été rejetée par le Parlement. L’intégrité de Sylvie Goulard, ex-ministre et députée européenne, actuelle sous-gouverneure de la Banque de France, est interrogée par les eurodéputés car elle est citée dans une affaire d’emplois fictifs liés au Modem.

Emmanuel Macron avait choisi Sylvie Goulard, sous-gouverneure de la Banque de France depuis janvier 2018 et ex-ministre des Armées, pour devenir la commissaire européenne française à partir du 1er novembre prochain. Et la nouvelle Présidente, Ursula von der Leyen, lui avait donné le marché intérieur, un large portefeuille qui englobe la politique industrielle, le marché unique numérique, l’industrie de la défense et le Brexit.
Mais le Parlement en a décidé autrement et a rejeté cette candidature à une forte majorité lors d’un vote des eurodéputés, a appris l’AFP auprès de sources parlementaires. 82 ont voté contre, 29 pour et un s’est abstenu. Deux enquêtes sont en cours, l’une par la justice française, l’autre par l’office anti-fraude de l’UE (Olaf), sur la participation de Sylvie Goulard à un système d’emplois fictifs pour son parti, le MoDem (centre).
Des réponses insuffisantes
Les doutes exprimés sur son intégrité et son indépendance lui ont imposé de répondre à des questions écrites après sa première audition le 2 octobre. Elles ont été jugées insuffisantes et l’ont obligée à se soumettre à l’épreuve d’une seconde audition.
"Mme Goulard doit expliquer pourquoi une enquête qui l’a contrainte à démissionner de son poste de ministre en France ne l’empêcherait pas de devenir commissaire européen", avait expliqué à l’AFP le chef d’un groupe politique avant l’audition. Des interrogations ont également été émises sur les activités ayant justifié d’importantes rémunérations obtenues entre 2013 et 2016 de l’institut Berggruen, fondé par le milliardaire germano-américain Nicolas Berggruen, alors qu’elle était députée européenne.
Experte de la finance
Sylvie Goulard a rappelé qu’elle n’avait pas été mise en examen et a invoqué la présomption d’innocence pour refuser de retirer sa candidature. Elle avait insisté sur la confiance que lui avait accordée la nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen et déclaré que si elle venait à être mise en examen, elle démissionnerait dès lors qu’Ursula Von der Leyen l’exigerait.
Si elle partait avec un lourd handicap avec ces soupçons, Sylvie Goulard avait été choisie par Emmanuel Macron en raison de son expertise des dossiers européens. En tant qu’ex-députée à Bruxelles, elle a été rapporteuse de plusieurs textes sur la supervision financière européenne, la réforme du pacte de stabilité, l’union bancaire ou encore les règles de solvabilité des assurances.
Cette fédéraliste convaincue et grande connaisseuse de l’Allemagne est, par ailleurs, une militante de la finance durable, ce qui constitue un message important de la part de la France. En juillet dernier, dans une tribune aux échos, rédigée avec Sabine Mauderer du directoire de la Bundesbank, Sylvie Goulard appelait les banques centrales à "verdir" la finance.
Ludovic Dupin avec AFP

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