Publié le 17 mai 2019
INFOGRAPHIES & VIDÉOS
[Décryptage Vidéo] Glyphosate, nucléaire, zones rouges… ne pas confondre danger et risque pour mieux débattre
Nos sociétés refusent tout risque, quand bien même celui-ci est minime. Un rejet qui est particulièrement visible dans des domaines comme l’agriculture, l’énergie, la santé… La raison de cette crainte épidermique est la confusion, propagée par des médias et des "experts", avec la notion de danger. Ce mélange rend de nombreux débats, essentiels pour nos modes de vies, intenables.

@MykhailoRidkous
Nous avons tous vibré pour Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello, militaires tués au Burkina Faso pour libérer quatre otages dont deux Français. Sans oublier le meurtre du guide béninois Fiacre Gbédji. Rapidement, la lumière médiatique s’est portée sur la notion de pays à risque pour touriste aventureux. Cette polémique révèle la notion qu’ont nos sociétés du danger et du risque, perçus à tort comme synonymes. Cette confusion rend nombre de débats, pourtant nécessaires, inaudibles, hystériques et toxiques.
Or ces deux notions sont différentes. Le danger est une caractéristique intrinsèque d’un produit ou d’une situation. Le risque est une probabilité liée à l’exposition à ce danger. La viande rouge est cancérigène mais pas à petite dose. La fumée de cigarettes est dangereuse, mais en inhaler une fois n’a aucun effet. Certaines zones du monde sont dangereuses, mais le risque de se faire prendre en otage est bien souvent faible.
Glyphosate, déchets nucléaire, vaccins…
La non prise en compte de cette nuance stérilise tout débat. Sur le sujet, par exemple, ô combien important du glyphosate, les antis mettent en avant les conclusions du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui le classe cancérigène probable. Les défenseurs brandissent les conclusions d’agences sanitaires, dont la Française (Anses), qui assurent qu’en utilisation normale, le glyphosate ne pose pas de problème. Dialogue de sourd puisque là où le premier calcule un danger, les secondes évaluent un risque.
Même problématique pour les déchets nucléaires. Leur dangerosité est certaine ; leur risque est une question de gestion et de choix technologiques. Mais confondues en un tout, le débat patine. Autre sujet, encore plus grave, la vaccination. On voit des politiciens et des décideurs confondre – volontairement sans doute - les notions de dangers et de risques pour tenir des positions anti-vaccinations dont les conséquences sont dramatiques.
Noyée dans ces concepts, la population en vient à refuser tout risque, aussi infime soit-il. La responsabilité des médias est immense. Laissant des temps d’antenne considérables à des risques faibles mais à forte audience, ils relèguent au second plan des risques majeurs comme les impacts de l’effondrement des écosystèmes ou les conséquences des résistances bactériennes.
Ludovic Dupin @LudovicDupin