Publié le 15 mars 2018
FINANCE DURABLE
Pierre Larrouturou et Jean Jouzel lancent un appel pour un "pacte finance-climat" européen
Doter l'Union européenne d'un budget climat, charger la Banque européenne d'investissement (BEI) de financer des projets pour la transition énergétique ou encore aider massivement les pays d'Afrique : ce sont les propositions d'un ambitieux "pacte finance-climat" européen, porté par l’économiste Pierre Larroutourou et le climatologue Jean Jouzel.

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Au moment où les Etats-Unis se désengagent de l'Accord de Paris sur le climat, l’Europe doit retrouver sa place et sauver le climat. C’est le sens du Pacte finance climat européen (1) présenté jeudi 15 mars à l’Unesco, à l’occasion de la 47ème assemblée plénière du GIEC et de ses 30 ans.
"Il faut un nouveau projet à l'Union européenne, qui redonne du sens à l'aventure. L'Europe a besoin de montrer qu'on peut lutter de manière radicale pour sauver le climat", a déclaré ainsi à l’AFP l’économiste Pierre Larrouturou, l’un des porteurs du projet avec le climatologue Jean Jouzel.
Cette sorte de Plan Marshall pour le Climat serait financé par la création monétaire de la BCE, La Banque centrale européenne, une Contribution Climat de 5 % sur les bénéfices des entreprises non réinvestis, la taxe sur les transactions financières et la taxe sur le CO2..
Un plan Marshall pour le climat
Il prévoit de transformer la Banque européenne d'investissement, la BEI, en banque de développement durable, "chargée de fournir aux Etats membres des financements à taux zéro qui seront intégralement utilisés pour la transition énergétique", selon la présentation. Chaque État aurait un ‘droit de tirage’ annuel correspondant à 2 % de son PIB, et ce pendant 30 ans. Ceci permettrait par exemple d'améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments de manière massive, alors que ce secteur est le plus consommateur d'énergie en France devant les transports, a expliqué l'économiste. Avec ce système, la France disposerait par exemple chaque année de 45 milliards d’euros à taux zéro.
Par ailleurs, le pacte propose de "créer un vrai budget climat au niveau européen, doté de 100 milliards d'euros chaque année" et d'"augmenter très nettement l'aide aux pays d'Afrique et du pourtour méditerranéen" (40 milliards de dons chaque année) ou encore d'"investir massivement dans la recherche".
Objectif : des millions de signatures pour la COP24 en Pologne
La rédaction d'un nouveau traité, prenant en compte est en cours de rédaction sous l'autorité de l'ancien ministre des Affaires étrangères et de la coopération espagnol, Miguel Moratinos. Il devrait être prêt d'ici septembre 2018.
Le collectif qui défend ce projet veut également profiter des "consultations citoyennes" sur l'avenir de l'Europe voulues par Emmanuel Macron, qui seront lancées à la mi-avril en France, pour le faire connaître du grand public. Il espère pouvoir en faire de même dans les autres pays de l'Union européenne où se tiendront des consultations similaires entre avril et octobre. L’objectif est d’apporter quelques millions de signatures de citoyens et l'ébauche du traité aux chefs d’Etat européens, lors de la COP24 qui aura lieu en décembre prochain en Pologne.
La liste des signataires en faveur de ce pacte, est plutôt éclectique, du prince Albert de Monaco au patron de la Confédération européenne des syndicats Rudy de Leeuw, en passant par l'ancien président de la Commission européenne Romano Prodi. Ont également signé : des économistes (James Galbraith, Tim Jackson, Alain Granjean), des politiques, des représentants du monde du spectacle ainsi que des philosophes et des écrivains.
La rédaction avec l'AFP
(1) L’appel est consultable ici