Publié le 30 octobre 2018
FINANCE DURABLE
Les profils en finance responsable très recherchés par les banques, assurances et sociétés de gestion
La finance responsable a le vent en poupe côté recrutement. Face au développement de ce pan resté longtemps marginal dans la finance classique, le secteur a besoin de nouveaux profils. Une étude du cabinet de recrutement Birdeo montre que la croissance est de 15 % par an depuis trois ans. Mais les profils sont difficiles à trouver.

@Andrii Yalanskyi
Développement de l’Investissement responsable avec la finance solidaire, la finance verte ou l’Impact Investing, généralisation des critères ESG (environnementaux, sociaux ou de gouvernance)… La finance responsable se déploie, et, pour cela, elle a besoin de recruter.
C’est le constat que fait Birdeo, cabinet en recrutement et chasse de tête spécialisée dans le développement durable. Dans une étude qualitative menée en 2018 auprès de 637 sociétés de gestion financière, il constate que le secteur enregistre une croissance de 15 % chaque année depuis trois ans.
Cela ne concerne encore que 154 postes dans les sociétés interrogées (environ 10 % des effectifs), mais la tendance est là. "Les acteurs financiers s’accordent à dire que les emplois dans la finance responsable vont connaître une progression à deux chiffres d’ici 2020", assure Caroline Renoux, la fondatrice et présidente de Birdeo.
Une inadéquation entre l’offre et la demande
Pour autant, le recrutement est tendu, car ce type de profil est encore rare. "Le vivier de talent est encore limité, et les besoins des sociétés de gestion importants. En France, le marché est globalement scindé entre des profils très seniors, et des profils juniors. Il y a peu de profils intermédiaires et très spécialisés, notamment sur le thème de l’engagement, sujet relativement nouveau en France par rapport au Royaume-Uni", constate-t-on chez Axa IM. L'entreprise étoffe actuellement son équipe avec des profils plus orientés ESG.
Or, les profils demandés se spécialisent de plus en plus. "Il n’est plus possible de couvrir tous les sujets ESG comme il y a quelques années. Avant, il s’agissait souvent de profils généralistes, qui s’occupaient de tout. Cette spécialisation, beaucoup plus fine qu’auparavant, peut se faire par secteur, thème, taille de capitalisation, etc.", souligne encore l'investisseur.
Des formations à muscler sur la finance responsable
Parmi les viviers privilégiés, on trouve principalement les analystes travaillant dans les agences de notations extra-financières et les auditeurs des grands cabinets d’audits et de conseil. Mais le marché est tel que le secteur s’ouvre aussi à des "profils différents", venus notamment du domaine de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) des grands groupes. "C’était impensable il y a deux ans seulement", assure Caroline Renoux qui voit le secteur gagner en maturité sur ces sujets.
Pour développer le recrutement des plus jeunes, les écoles de commerce et universités comment déjà à s'adapter en réalisant des modules ou des formations spécifiques sur l'ESG comme le fait Kedge BS, et comme y réfléchit HEC. Des formations continues destinées aux professionnels existent également, comme celles de Novethic.
Nouveaux postes
Certes, "les débouchés ne sont pas les plus visibles, ni les plus attractifs – au moins au regard des standards actuels de la finance", relativise le cabinet. Pourtant les besoins sont réels en France, à Londres, au Luxembourg, à Genève... Parmi les métiers qui recrutent le plus, celui d’analyste extra-financier se taille encore la part du lion avec près d’une centaine de postes à pourvoir par an.
L’asset management (gestion d’actifs) concentre près de 90 % des postes. Il s’agit principalement de profils juniors demandant moins de cinq ans d’expérience, avec des salaires moyens aux alentours de 50 000 euros par an. Peu à peu, de nouveaux emplois, comme analyste crowdfunding, se développent petit à petit dans la banque, les sociétés d’assurance, les plateformes de financement participatif ou les agences de communication extra-financière.
Béatrice Héraud @beatriceheraud