Publié le 08 juin 2021
FINANCE DURABLE
Reporting climat : après l’appel du G7, quels sont les outils à disposition des entreprises
Climat et biodiversité doivent être mieux pris en compte par les entreprises, selon les ministres des Finances du G7. Lors de leur réunion des 4 et 5 juin, ils ont déclaré vouloir rendre obligatoire pour les entreprises la communication sur les risques financiers liés au climat et citent notamment la Task force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD), le cadre de reporting international né pendant la COP 21. Ils ont également applaudi la création de son homologue pour la biodiversité.

@HMTreasury
Les ministres des Finances du G7 veulent faire la lumière sur les risques financiers liés au climat pesant sur le monde économique. Lors de leur réunion à Londres, le week-end du 4 et 5 juin, ils se sont prononcés en faveur d’une communication obligatoire des données relatives à ces risques par les entreprises, un peu à la manière dont elles communiquent déjà sur leurs données comptables. La raison est simple. "Nous soulignons la nécessité de verdir le système financier mondial afin que les décisions financières prennent en compte les considérations climatiques", expliquent les ministres des sept grandes puissances mondiales.
En clair, si les entreprises divulguent des informations sur leur exposition au risque climatique, sur leur contribution au changement climatique, et sur la manière dont elles gèrent ces risques, les investisseurs peuvent alors sélectionner celles les mieux positionnées pour atteindre la neutralité carbone. Mais pour cela, "les investisseurs ont besoin d’une information de bonne qualité, comparable et fiable sur les risques climatiques", rappellent les ministres des Finances.
Des outils existent déjà pour effectuer ce reporting et le G7 y fait directement référence dans son appel du week-end dernier. La Task-force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD), un groupe de travail créé en 2015 pendant la COP 21, a élaboré un cadre permettant d’effectuer cette communication. Jusqu’à maintenant, ce reporting TCFD ne se faisait que sur une base volontaire, avec à l’heure actuelle près de 1700 entreprises dans le monde s’y référant. Récemment, le Royaume-Uni et la Nouvelle Zélande ont déclaré vouloir le rendre obligatoire pour leurs entreprises. Le G7 leur emboîte donc le pas.
Créer un socle commun de reporting
L’ambition du G7 est de parvenir à bâtir un socle commun mondial pour la divulgation des données climatiques par les entreprises, capable de coexister avec les outils développés par des pays plus avancés sur la question. C’est le cas de l’Union européenne qui dispose d’une directive sur le reporting non-financier des entreprises depuis plusieurs années. Celle-ci est en train d’être révisée afin d’homogénéiser les informations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) communiquées, dans le cadre du projet de directive sur le reporting durable des entreprises (Corporate Sustainable Reporting Directive, CSRD). Celui-ci devrait s’appliquer à 50 000 entreprises européennes d’ici 2023.
En plus du climat, les ministres des Finances du G7 se sont également penchés sur l’impact de l’économie sur la nature. Ils ont ainsi accueilli favorablement la création d’une Task-force on Nature-related Financial Disclosures (TNFD), l’équivalent pour la biodiversité du cadre de reporting sur le climat. La perte de biodiversité, démontrée notamment par les rapports de l’IPBES, engendrent en effet un risque aussi important que le réchauffement climatique et doit donc être pris en compte de la même manière par les entreprises et le monde de la finance.
Les travaux de la nouvelle TNFD ne font cependant que commencer, ils ne devraient aboutir à un cadre de reporting qu’en 2023. Des outils existent déjà pour permettre aux entreprises de prendre en compte la perte de biodiversité dans leur chaîne de production, comme les "Science-based Targets for Nature". L’initiative des Science-based targets existe déjà pour le climat, elle consiste à étudier les objectifs de réduction de gaz à effet de serre que se fixent les entreprises et à s’assurer qu’ils correspondent bien à une trajectoire de réduction du réchauffement climatique. Cet outil est désormais également disponible pour lutter contre la perte de biodiversité aussi bien sur terre que dans les océans.
Arnaud Dumas, @ADumas5