Publié le 22 février 2019
FINANCE DURABLE
La société de gestion Meeschaert se lance dans le calcul de l’empreinte sociale de ses investissements
La société de gestion Meeschaert veut mieux connaître l’impact de ses investissements sur les salariés. Elle a développé sa propre méthode pour calculer l’empreinte sociale de son portefeuille et s’en sert désormais pour dialoguer avec les entreprises. Accidents du travail, turnover des salariés, parité… Tout l'enjeu est de mettre le S en avant dans la gestion ESG (environnementale, sociale et gouvernance) de son portefeuille.

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"Déterminer l’empreinte carbone de notre portefeuille nous a beaucoup apporté, notamment en matière de pilotage des risques. Il nous manquait l’équivalent sur le pilier social", résume Aurélie Baudhuin, la directrice de la recherche ISR chez Meeschaert Asset Management.
La société de gestion a décidé de se lancer l’été dernier dans la détermination de l’empreinte sociale de ses investissements. Une innovation que le service recherche de Meeschaert a d’abord testé sur un seul fonds en actions, mais qui a aujourd’hui été étendue à tous les fonds sous gestion, aussi bien actions que dettes. Cette empreinte sociale permet de mettre l’accent sur le "S" dans l’analyse ESG (Environnement, social et gouvernance), un facteur de risque parfois moins identifié par les investisseurs.
Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance. "Nous avons dû faire face à de nombreux obstacles", explique Aurélie Baudhuin. Il a fallu d’abord déterminer les indicateurs les plus pertinents, puis se confronter à la comparabilité de ces indicateurs. "Pour l’empreinte carbone, une tonne de CO2 est équivalente qu’elle soit émise aux États-Unis, en France ou en Inde, remarque-t-elle. Un contrat de travail, c’est très différent selon les pays…"
Un outil pour les investisseurs
Sept indicateurs de l’empreinte sociale ont été déterminés, sur la fréquence des accidents du travail, le taux de rotation des salariés, l’absentéisme, le handicap, la parité, les controverses sociales ou encore la contribution aux Objectifs de développement durable (ODD). La société de gestion compare ensuite la performance de ces indicateurs à des statistiques publiques lorsqu’elles existent, ou à d’autres référentiels privés le cas échéant, pour établir son empreinte sociale.
"Cela donne un éclairage très nouveau de la réalité de notre portefeuille, admet Aurélie Baudhuin. La bonne nouvelle, c’est qu’il va plutôt dans le bon sens !" Cette empreinte sociale affiche de manière très visuelle et chiffrée l’impact de l’investissement. Un avantage pour les clients de Meeschaert, qu’ils soient investisseurs institutionnels, fondations, associations ou particuliers. "C’est beaucoup plus concret, ils perçoivent directement l’impact sur les salariés", confie Aurélie Baudhuin.
Identifier les points à risque
Pour la société de gestion, cette empreinte sociale permet d’identifier les points à risque dans son portefeuille. Et à aller poser des questions aux entreprises qui pèsent de manière négative sur les indicateurs. "Cela peut aller jusqu’à l’exclusion si l’entreprise n’arrive pas à justifier cette discordance. Mais c’est l’étape ultime, il n’y a pas de mécanisme automatique", souligne Aurélie Baudhuin.
Le calcul de l’empreinte social reste toutefois encore à peaufiner, selon Meeschaert, qui demeure l’une des seules sociétés de gestion à avoir pris cette initiative. Les données sur l’impact social des entreprises restent parcellaires, difficiles à comparer et exigent un travail de fourmi pour les collecter dans plusieurs documents (rapport annuel, rapport de développement durable, bilan social, etc.).
À tel point que Meeschaert cherche à lancer un "Social disclosure project", à la manière du Carbon disclosure project (CDP). "Il y a de vraies marques d’intérêt de la part d’organismes de place, affirme Aurélie Baudhuin. C’est en train de se monter. Les sociétés de gestion comme les investisseurs institutionnels sont en demande de ces données."
Arnaud Dumas @ADumas5