Publié le 19 septembre 2017
FINANCE DURABLE
100 investisseurs mondiaux appellent les banques à mieux prendre en compte le risque climatique
Un groupe d'environ 100 investisseurs institutionnels ont appelé la semaine dernière 62 grandes banques internationales à s'engager plus fortement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Selon une étude, les actionnaires des énergéticiens américains sont exposés à un risque estimé à 104 milliards de dollars.

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Dans une lettre (1) envoyée jeudi dernier aux dirigeants de 62 banques mondiales – parmi lesquelles on trouve les françaises BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole et Natixis –, un groupe d’une centaine d’investisseurs institutionnels leur demande plus de gages sur la prise en compte du risque climatique. Ils encouragent ces établissements à "fournir une communication plus robuste" sur l'intégration des enjeux climatiques dans leur activité et à être plus transparents "sur les risques et opportunités liés au climat et sur la façon dont ceux-ci sont pris en compte par le management et le conseil d’administration".
"Le changement climatique et la transition bas carbone génèrent pour les banques des risques et des opportunités qui sont réels, variés et matériels pour les investisseurs. Seule une meilleure transparence sur les risques liés au climat permettra aux investisseurs de juger et comparer la performance des banques. Nous espérons que les banques entendront cet appel solennel des investisseurs”, souligne Isabelle Cabie, en charge de l’investissement responsable chez Candriam.
Des risques financiers liés à la transition énergétique
Les investisseurs citent une étude universitaire de 2015 dans laquelle le risque de perte est évalué entre 5 % et 20 % de la valeur de leur portefeuille si rien de plus n’est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une étude plus récente de Carbon Tracker évoquait quant elle à la disparition de 2 300 milliards de dollars de valeurs boursières d’entreprises carbo-intensives, en particulier dans le secteur pétrolier.
La semaine dernière, le think tank a également publié un rapport spécifique sur le secteur du charbon aux États Unis. Il montre que les actionnaires des énergéticiens américains sont exposés à un risque estimé à 104 milliards de dollars en raison de la fermeture anticipée d'usines à charbon, pour s'aligner avec le scénario 2°C. En effet, 78 % des centrales à charbon américaines ne seront plus compétitives d’ici 2025 par rapport notamment aux nouvelles centrales gaz à cycle combiné, prédisent les experts.
"Le gaz bon marché et les énergies renouvelables vont continuer à saper l'économie du charbon. Le président Trump s'est engagé à relancer cette industrie, mais la réalité est que l'élimination progressive du charbon conformément à l'Accord de Paris permettra d'économiser des milliards de dollars et de rendre l'économie américaine plus compétitive", explique Matthew Gray, co-auteur du rapport.
Climate week à New York
Comme les ONG avant eux, les investisseurs rappellent le "rôle essentiel" des banques dans l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris. Selon les signataires, la stabilisation du réchauffement à 2°C nécessitera d’investir pas moins de 93 000 milliards de dollars d’ici 2030, soit l’équivalent de 80 % du PIB mondial actuel.
La centaine d'investisseurs signataires pèse environ 1 800 milliards de dollars d'actifs sous gestion. Parmi eux se trouvent le français Ecofi, le britannique Aviva Investors, ou encore le néerlandais Aegon Asset management.
Cette initiative s’appuie par ailleurs sur les recommandations faites en décembre dernier par la TCFD (Task Force on Climate Disclosure), le groupe de travail mis en place par le Conseil de stabilité financière du G20. Elle intervient également en amont de la Climate Week, qui s’est ouverte ce lundi à New York et qui rassemble acteurs économiques, politiques et associatifs autour de la lutte contre le réchauffement de la planète.
Concepcion Alvarez @conce1
(1) La lettre envoyée aux banques