"Une fois encore, un grand constructeur automobile a pris la décision commerciale de contourner les règles et s’est fait attraper". La déclaration de Mary Nichols, la patronne de l’agence californienne de l’environnement, est sans ambiguïté.
Dans un document publié hier, l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), en collaboration avec sa branche californienne, accuse le groupe italo-américain Fiat Chrysler d’avoir violé les lois américaines sur la pollution de l’air. Ses soupçons portent sur un logiciel non déclaré de contrôle des émissions. Un logiciel qui permettrait à certains véhicules de générer des émissions polluantes supérieures aux niveaux autorisés par la loi. Seraient concernés les Jeep Cherokee et des camionnettes à plateau (pick-ups) Dodge Ram 500, fabriqués entre 2014 et 2016, soit 104 000 véhicules.
"Le fait de dissimuler un logiciel qui affecte les émissions dans un moteur constitue une grave violation de la loi, qui peut se traduire par une pollution néfaste de l’air que l’on respire", a commenté Cynthia Giles, l’une des responsables de l’EPA. Ce sont particulièrement les émissions d’oxyde d’azote, les fameux NOx, qui sont visées. Elles sont responsables de nombreuses affections respiratoires.
Lourde facture
Quel sera l’impact de cette nouvelle affaire sur le groupe automobile qui avait échappé de peu à la faillite en 2009 ? L’exemple de Volkswagen qui a accepté cette semaine de plaider coupable et de débourser 4,3 milliards de dollars supplémentaires pour mettre fin aux poursuites de la justice américaine montre que la facture, financière, judiciaire et réputationelle peut être particulièrement lourde.
L’EPA se garde pour l’instant d’évoquer un "logiciel truqueur" comparable à celui utilisé par Volkswagen. Elle précise qu’elle va continuer à enquêter sur "l’impact et la nature" de ce mécanisme.
Mais si les soupçons de l’agence étaient avérés, l’addition pourrait être salée. L’EPA précise que le groupe encourt des pénalités civiles maximales de plus de 4 milliards de dollars. Le groupe fait déjà l’objet de deux plaintes collectives pour utilisation d’un logiciel de truquage pour les tests anti-pollution.
Sanction
La sanction des marchés, elle, ne s’est pas faite attendre : à la suite de l’annonce de l’EPA, le titre Fiat a été provisoirement suspendu. A Wall Street, il a chuté hier de plus de 10%.
De son côté, le constructeur rejette les accusations de l’EPA. "Nous n’essayons pas de violer cette satanée loi (…) nous essayons de faire un travail honnête", a réagi Sergio Marchionne le PDG de Fiat Chrysler, cité par le quotidien suisse Le Temps, ajoutant que ce problème aurait pu être réglé de manière "plus en phase avec le monde des affaires".
Il a également exprimé le souhait de régler "équitablement" cette affaire avec la future administration Trump, auprès de laquelle il a marqué un point la semaine dernière en annonçant le rapatriement de la construction d’un de ses modèles aux États-Unis.