Publié le 04 mars 2021
ENTREPRISES RESPONSABLES
Transformation des entreprises : les emplois dans la RSE ne connaissent pas la crise
Alors que la crise pèse fortement sur l'embauche des cadres, les entreprises continuent de recruter pour les emplois liés à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Celles-ci recherchent des compétences en interne ou externe leur permettant de mettre en œuvre leurs engagements environnementaux ou sociaux et d’en rendre compte, notamment auprès des investisseurs.

@Dreamcreation
Après un léger ralentissement lors du premier confinement de mars 2020, les emplois liés à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et la finance durable ont de nouveau le vent en poupe. Une dynamique à rebours d’un marché de l’emploi des cadres en chute de près de 30 % en raison de la crise sanitaire, selon la dernière étude de l’Apec publiée en février.
En 2009, la crise financière avait particulièrement pesé sur les emplois liés à la RSE. Cette fois, rien de tel, bien au contraire. "Alors que les cabinets de recrutement généralistes ont vu un coup d’arrêt, nous avons assuré le recrutement de 80 postes en 2020, autant qu’en 2019, une année record ! Et la tendance ne se dément pas pour 2021", assure Caroline Renoux, la fondatrice du cabinet spécialisé Birdeo.
Recruter pour transformer
Il faut dire que les entreprises doivent accélérer la cadence. Leurs engagements, notamment climatiques, doivent être mis en œuvre et la règlementation leur impose de nouvelles obligations de reporting sur leurs performances non-financières. Par ailleurs, la pression du marché s'accroît. Les investisseurs sont de plus en plus regardants sur les risques environnementaux et sociaux des valeurs qu’ils détiennent en portefeuille. Et les consommateurs sont de plus en plus soucieux de consommer durable.
"La crise du Covid a eu un effet accélérateur pour les sujets RSE dans les entreprises. Pour la RATP, cela s’est traduit par le lancement de beaucoup d’actions et de recrutements liés à la définition de notre raison d’être, à la protection de l’environnement ou au reporting. Notre budget a même augmenté de 30 %", souligne Sophie Mazoué, directrice développement durable de la régie de transport. Celle-ci n’est pas un cas isolé. Du luxe à la distribution, en passant par l’industrie, les compétences en matière de durabilité sont de plus recherchées.
Dans les entreprises, on recrute ainsi des "conseillers en neutralité carbone", des "chefs de projet en taxonomie verte" (la taxonomie est le classement des activités vertes, selon la Commission européenne), des experts de l’écoconception ou des personnes spécialisées dans le dialogue avec les parties prenantes, précise Birdeo. Des compétences de plus en plus pointues, qui attirent pourtant à chaque fois des candidats de plus en plus nombreux, assurent les recruteurs comme EDF. L’énergéticien dit "crouler sous une avalanche de CV" à la direction développement durable.
Prestataires et formation
Autre signe de dynamisme du marché, cette accélération de recrutement se retrouve chez les prestataires : entreprises de formation, agences de marketing et communication responsable, ou de conseil en stratégie durable et climat. "Les clients sont de plus en plus nombreux à recentrer leurs budgets communication et conseils sur leurs marques et produits engagés", souligne ainsi Thomas Parouty, le fondateur de l’agence Mieux.
Chez Des enjeux et des hommes, les formations qui permettent d’intégrer la RSE dans les pratiques métiers (achats, marketing…) et les prestations de conseil sur la raison d’être ne désemplissent pas. Le cabinet prévoit cinq recrutements en 2021 pour compléter son équipe de 40 personnes. Même son de cloche au cabinet de conseil en stratégie climat Ecoact, à l’agence de conseil en Développement Durable Utopies ou à l'agence de stratégie et communication Sidièse, où les nouveaux budgets et l’augmentation du volume d’affaires vont permettre un accroissement de l’équipe de 20 %.
Béatrice Héraud, @beatriceheraud