Publié le 07 mai 2019
ENTREPRISES RESPONSABLES
Pascal Praud contre Claire Nouvian : Halte à la télé clash qui favorise le climato scepticisme !
Le buzz du moment est une vidéo extraite d’une émission consternante de C News animée par Pascal Praud, notre Trump français. Ce mâle à lunettes rouges s’en prend violemment à Claire Nouvian, défenseure de l’environnement, candidate aux Européennes sur la liste PS Place Publique, et l’insulte au nom du fait qu’elle essaie de parler réchauffement climatique, perte de biodiversité et mobilité douce.

@CaptureCNews
Cette version d’Hanouna en costume est détestable. Les messages diffusés par une chaîne de télévision supposée faire de l’information sont bien le cœur de sa responsabilité ! Depuis plus de 20 ans le climat reste encore trop souvent un sujet de débat où les pour et les contre seraient supposés se taper dessus. Comment cela est-il possible pour un sujet de consensus scientifique planétaire ? Comment en vient-on sur un plateau devant des spectateurs à traiter d’hystérique et insulter sans aucune limite une femme politique pour mieux la faire taire ?
J’ai déjà eu l’occasion de rappeler que ce n’est pas en muselant la messagère qu’on supprime le message qu’elle porte. La bonne nouvelle est que la vidéo génère un mouvement de soutien à Claire Nouvian assorti du #Jesuisfollederage sur les réseaux sociaux. La mauvaise nouvelle est que ce type de séquence puisse être diffusée sans aucune autre sanction qu’un bad buzz à l’heure où la campagne des Européennes peine tant à démarrer.
Téléréalité et Fake News
Enfin, il ne faut jamais négliger l’impact de ce genre de séquences. Scrutin après scrutin, on s’aperçoit du rôle crucial des fake news et des médias de masse que sont la télé et les réseaux sociaux. Donald Trump n’aurait jamais été président des États-Unis s’il n’était pas un animateur vedette de la téléréalité, Jaïr Bolsanaro ne dirigerait pas le Brésil sans l’appui des Fake News massivement diffusées par Whats App. Espérons que cette émission diffusée le jour de la publication du rapport de l’IPBES sur le million d’espèces menacées n’ait pas d’autre portée que la décrédibilisation d’un animateur qui devrait écoper d’un carton rouge attribué par le CSA.
Mais elle ne devrait pas remettre en cause la stratégie d’audience à tout prix revendiquée par le groupe Vivendi dirigée par Vincent Bolloré qui permet à "l’Heure des pros" de tutoyer les 200 000 spectateurs en moyenne, quatre fois plus qu’à ses débuts. Le clash à la télévision fait de l’audience mais crée aussi des dommages collatéraux, beaucoup plus importants !
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic