Publié le 06 avril 2021
ENTREPRISES RESPONSABLES
Les risques environnementaux pèsent lourds sur les chaînes d'approvisionnement… et ce sont les consommateurs qui paient
Le changement climatique et la perte de biodiversité ont un coût financier pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement mondiale, souligne un rapport du CDP. Il en coûtera 120 milliards de dollars supplémentaires aux entreprises d’ici 2026, selon l’organisation qui collecte les données environnementales (climat, forêt, eau) de 8 000 fournisseurs. L’industrie manufacturière, l’alimentation et la production seraient les plus touchées.

@Tiero
Pour les cinq prochaines années, l’impact financier du changement climatique, de la déforestation et de l’insécurité hydrique va coûter très cher aux entreprises selon le CDP. Dans son rapport Transparency to transformation : a chain reaction, l'organisation estime ce montant à 1 260 milliards de dollars dont 120 milliards d'euros dus uniquement aux chaînes d’approvisionnements. Pour parvenir à ce montant, CDP a analysé les données environnementales de 8 000 fournisseurs mondiaux.
Le poids de ces derniers est en effet majeur. Ceux-ci peuvent voir leur production stoppée ou retardée par l'augmentation de la gravité et de la fréquence des cyclones et des inondations, subir une hausse du coût des matières premières. Les plus gros acheteurs sont touchés comme L’Oréal, Walmart ou Unilever.
Ces coûts se répercuteront certainement sur les consommateurs, prévient le CDP. "La plupart des chaînes d'approvisionnement fonctionnent avec des marges bénéficiaires très étroites, l'augmentation des coûts devrait être répercutée le long de la chaîne dans un effet domino pour leurs acheteurs", souligne Maxfield Weiss, le directeur exécutif intérimaire de CDP Europe. Qui ne se risque toutefois pas à donner un ordre de grandeur.
Plus de transparence pour mieux gérer les risques
Les secteurs les plus concernés sont l’industrie manufacturière (64 milliards de dollars), l’alimentation, les boissons et l’agriculture (17 milliards de dollars) ainsi que la production d’électricité (11 milliards de dollars). Certains ont déjà bien identifié le problème et demandent plus de transparence et d’actions de la part de leurs fournisseurs. Sur le climat par exemple, les émissions de gaz à effet de serre de la supply chain sont en moyenne 11,4 fois plus élevées que les émissions directes de l'entreprise. Dans le commerce de détail (magasin de vêtements ou supermarchés), c’est 28 fois plus !
8 000 fournisseurs divulguent désormais leurs émissions de gaz à effet de serre, le volume des matières premières (soja, bois, huile de palme, chocolat ou café…) issues de pays à risques de déforestation ou leur consommation d’eau. Mais les données sont encore trop peu nombreuses et qualitatives pour opérer une gestion des risques réellement efficace et une transformation des business models souligne le CDP.
Dommage car les actions menées chez les fournisseurs peuvent être source d’un "avantage concurrentiel" pour l’ensemble de la chaîne, assure Maxfield Weiss. Le rapport montre que les mesures d’efficacité énergétique des fournisseurs ont permis aux entreprises d'économiser 619 millions de tonnes de CO2 et 33,7 milliards de dollars rien qu’en 2020.
Béatrice Héraud, @beatriceheraud