Publié le 12 mars 2020
ENTREPRISES RESPONSABLES
Cinq conseils de dirigeants pour devenir une entreprise contributive au bien commun
Casser les codes de son secteur, accepter de renoncer à des marchés ou oser des projets peu rémunérateurs mais qui ont du sens... Voici quelques conseils d’entrepreneurs pour faire grandir leur entreprise de manière durable et devenir contributive au bien commun, donnés à l’occasion d’une soirée ORSE-C3D-Medef.

@SerhiiMelnyk
"Casser les codes de son secteur pour plus de durabilité", Thomas Huriez de 1083
1083, marque de jean et basket éthique made in France, créée en 2007
C’est en brisant les codes du secteur textile que s’est construit le succès de la marque de jean et de basket 1083. "Alors qu’on nous a biberonné à l’impératif des coûts bas, nous avons fait le choix de la relocalisation en restructurant une filière industrielle française qui va de la filature des Vosges à la confection à Marseille, avec bientôt un approvisionnement en coton français issu du recyclage de jean", raconte le fondateur Thomas Huriez. En six ans, la marque a vendu plus de 100 000 jeans, créé 150 emplois et généré un chiffre d’affaires de huit millions d’euros. Et sa logique de circuit-court séduit les épargnants : 1083 vient de réaliser une collecte record de 1,083 million d’euros en seulement 12 heures sur la plateforme de crowdfunding Lita.co.
"Oser des projets moins rémunérateurs mais qui ont du sens", Nicolas Berbigier de Famoco
Famoco, éditeur de solutions mobiles professionnelles pour le paiement, les opérations terrain, la mobilité urbaine et la vérification de l’identité, créée en 2010
Tenter l’humanitaire. C’est le choix gagnant qu’a fait Famoco, entreprise de fabrication de solutions mobiles professionnelles. Elle travaille avec les Nations unies sur son programme d’aide alimentaire. "Nous avons utilisé notre savoir-faire pour un projet vraiment utile. À la place des coupons alimentaires, nous avons créé une sorte de carte Navigo pour chaque bénéficiaire. Résultat : plus de traçabilité, moins de fraudes et de perte. Une transparence et une efficacité qui séduit les opérationnels et les donateurs", souligne l’entrepreneur. De son côté, il y a gagné en maillage territorial, en innovation pour des marchés plus lucratifs et en attractivité.
"Accepter de renoncer à des marchés", Céline Puff Ardichvili de Look sharp
Looksharp, agence de relations presse créée en 2013
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se doter d’une raison d’être voire d’une mission. Mais pour qu’elles soient réellement efficaces, cela implique des sacrifices, comme renoncer à certains marchés, jugés contraires à la mission ou l’éthique fixée. "Un message, un tweet, un communiqué de presse peuvent toucher 10 000 personnes. On doit avoir conscience de l’impact potentiel quand on communique. Surtout pour le compte de tiers ! Cette réflexion nous coupe de certains business par exemple quand nous sentons le greenwashing ou que l'on nous demande de valoriser une démarche peu transformative. Mais cela garantit aussi notre sérieux et notre crédibilité", souligne la co-fondatrice de l’agence de presse Look Sharp et co-fondatrice du blog "Entreprise contributive".
"Donner de la reconnaissance et de la stabilité aux collaborateurs", Guillaume Desnoes de Alenvi
Alenvi, entreprise d'accompagnement de personnes âgées à domicile créée en 2018
Une entreprise contributive, c’est aussi un mode de management différent. Le fondateur d’Alenvi en est convaincu. Dans son secteur, celui de l’aide à domicile, les auxiliaires de vie qui s’occupent des personnes âgées ont des conditions de travail difficiles, précaires, et peu de reconnaissance. Sa startup recrute uniquement en CDI et aux 35 heures, en valorisant la partie empathique et non seulement technique du métier. Résultat : un turn-over de 4 % bien en deçà des 15 à 25 % du secteur et une nouvelle activité de formation auprès de ses propres concurrents.
"Aller à la rencontre de ses parties prenantes", Geoffroy Roux de Bézieux du Medef
Medef, Mouvement des entreprises de France, créé en 1998
En prenant mieux en compte ses parties prenantes, l’entreprise répond mieux à leurs attentes et sera aussi plus performante. Parmi celles-ci, il ne faut pas oublier les ONG. Alors que celles-ci sont "parfois plus puissantes que des syndicats", impossible de ne pas les associer au dialogue, reconnait le "porte-parole des patrons". Si les entreprises ont commencé depuis quelques années déjà avec des comités de parties prenantes, ce sera chose faite dans leur fédération représentative dès mars.
Béatrice Héraud, @beatriceheraud
(1) Conférence MEDEF-ORSE-C3D : Vers l’entreprise contributive : le secret des entreprises plus performantes, le 25 février 2020. À regarder sur la web tv du Medef