Le changement climatique sonne-t-il la fin du jus d’orange ? La Floride, deuxième producteur mondial, s’inquiète du déclin dramatique de la production cette année. 2023 marque la plus petite récolte d’agrumes depuis près d’un siècle, selon le
Washington Post. En cause, les aléas climatiques qui ont fortement affectés les orangers, notamment les ouragans Ian et Nicole qui ont frappé l’Etat américain en septembre, puis novembre 2022. S’en est suivi la tempête Elliot, entraînant le noël le plus froid enregistré dans le "sunshine state" depuis 1983.
Ces événements directement liés au changement climatique, qui augmente leur fréquence et leur intensité, ont provoqué de nombreux dégâts dans les vergers. D’après les estimations de l’
université de Floride, l’ouragan Ian aurait à lui seul occasionné plus de 300 millions de dollars de pertes agricoles pour les producteurs d’agrumes floridiens. Les phénomènes climatiques participent à l’accélération d’une baisse de la production, déjà en cours depuis deux décennies. En parallèle, la Floride se bat en effet contre la maladie du dragon jaune, qui rend les fruits impropres à la consommation et décime les arbres.
Les récoltes en baisse de 90% en 20 ans
Cette saison, la Floride devrait ainsi produire un peu moins de 18 millions de cagettes d’agrumes, dont 16 millions de cagettes d’oranges, selon le ministère de l’agriculture américain. Cela représente une baisse de plus de 90% de la récolte par rapport au début des années 2000, où la Floride pouvait alors produire jusqu’à 250 millions de cagettes d’agrumes. Une chute qui se répercute déjà sur les prix du jus d’orange. Actuellement, il faut compter plus de 10 dollars pour un gallon (équivalent à 3,7 litres environ) de jus, soit une hausse de 17% en un an, rapporte le Washington Post.
Et l’état américain n’est pas le seul concerné. En raison de la sécheresse, le Mexique a lui aussi vu sa production d’oranges baisser de 30% en 2023. En Europe, l’Espagne fait face au même constat. Pour Emmanuel Vasseneix, président de l’Union Nationale Interprofessionnelle des Jus de Fruits (Unijus), "le réchauffement climatique accélère les choses". Alors que "la Floride se désengage de la culture des agrumes (…), les industriels américains du jus se tournent vers le Brésil" explique l’expert dans un communiqué. Premier producteur mondial, le pays fait face à une explosion de la demande.
Le jus d’orange, ce nouvel or
"Il en résulte une impossibilité pour les Brésiliens d’honorer toutes les commandes", alerte l’Unijus qui constate une pénurie mondiale de concentrés de jus d’orange, "en conventionnel comme en bio", qui pourrait se manifester jusque dans les étals de nos supermarchés. La tension sur le marché est telle que "les commandes auprès des fournisseurs de concentrés sont désormais sous quotas pour toutes les sociétés désirant en acheter, une situation jamais rencontrée par les acheteurs les plus anciens", souligne l’organisation professionnelle.
Résultat, le cours du jus d’orange s’envole. Ce dernier a gagné jusqu’à 43% en 2023,
"avant de reculer pour ramener son gain à 31 %, soit 4 fois plus que l’or" expliquent
Les Echos. Tandis que la plupart des matières premières reculent, le jus d’orange s’avèrent être la
"denrée la plus performante" cette année. Il faudra attendre l’automne, qui marquera le début de la prochaine récolte, pour espérer observer une évolution de la situation selon les estimations de l’Unijus.
Florine Morestin