Publié le 17 octobre 2022
ÉCONOMIE
La "microcar", star du Mondial de l’auto et symbole d’un secteur en transition
La grand-messe de l’automobile déroule le tapis rouge aux petites citadines. Au total, dix modèles de petits véhicules légers y seront exposés contre deux l’an passé. Ces voiturettes sans permis au look actuel sont d’ailleurs les stars de ce salon… Il faut dire qu’elles ne passent pas inaperçues !

ERIC PIERMONT/AFP
"Il y a une explosion de l’offre de microcars", se réjouit Serge Gachot, directeur du Mondial de l’Auto, véritable vitrine des évolutions du secteur. "Paris va être un laboratoire pour lancer cette tendance", ajoute le responsable, qui précise que dix modèles de ces petits véhicules légers seront exposés au Mondial cette année, contre deux en 2021. "Beaucoup de constructeurs se mettent à proposer des véhicules très légers", ajoute Serge Gachot.
Il n’y pas de normes particulières pour qualifier ces micro-véhicules, sorte de quadricycles à moteur, si ce n’est qu’ils sont petits, biplaces en général et adaptés aux courtes distances en ville ou périphérie. Leur look détonne… À l’image du modèle de Mobilize, marque de Renault, qui présentera l’héritier du Twizzy. L’Israélien City Transformer fera le show avec son modèle CT1 de 1 mètre de largeur. Le Suisse Microlino présentera lui une voiturette dont l’autonomie peut atteindre 240 kilomètres. Le Tchèque Patak pavoisera avec un petit roadster aux allures futuristes. Le Français Bagnole au look de Méhari pourrait aussi séduire des citadins nostalgiques.
Un modèle de véhicule solaire développé par le Néerlandais Squad city sera aussi présenté. Cette voiturette futuriste va un cran plus loin puisque ses fabricants assurent qu’elle pourrait être autonome, sur 20 kilomètres en journée ensoleillée. Une prouesse permise par le petit poids de ces véhicules. Cet avantage est tout sauf anecdotique : un véhicule plus léger c'est moins de matières premières lors de la fabrication et une propulsion bien moins gourmande en énergie.
Une course à l’obésité dans l'automobile
Ces véhicules ne sont certes pas conçus pour rouler sur de longues distances ni pour transporter de nombreux passagers, mais leur utilité est toute trouvée. En effet, 60% des déplacements de moins de 5 km sont effectués en voiture, selon une étude de l’Insee de 2021. Ces trajets sont majoritairement effectués par un seul passager pour se rendre au bureau. L’usage de petits véhicules corrigerait ainsi cette aberration, surtout quand on sait qu'un véhicule pèse entre 800 kilos et 2,5 tonnes.
En effet, le levier du poids est clé pour décarboner le secteur et respecter les engagements de l’Accord de Paris de baisser de 97% les émissions de CO2 du transport d’ici à 2050. Or jusqu’à présent, le secteur auto était plutôt entré dans une course à l’obésité. En 30 ans, la masse des voitures a augmenté de… 30% en moyenne, constate une étude de Carbone 4 intitulée "Les voitures doivent perdre leur poids récemment gagné". Cette prise de poids a annulé la quasi-intégralité des progrès technologiques qui ont permis au moteur de consommer moins. Les émissions des véhicules neufs stagnent, voire augmentent depuis quelques années pour cette raison.
Le Mondial contribue à rendre les microcars désirables
Ce surpoids s’explique par une quête de sécurité, plaident les constructeurs, mais aussi pour répondre à des injonctions marketing, souvent superflues, qui alourdissent les véhicules. Sans compter qu’aujourd’hui encore l’imaginaire collectif valorise la grosse voiture, signe extérieur de richesse et de réussite sociale. L’engouement pour les SUV en est une parfaite illustration : malgré les polémiques et l'hostilité d'une frange de la population, ce type de carrosserie représente encore près de 40% des ventes en Europe.
Ainsi, l’exposition offerte aux microcars sur le salon de l’Auto pourrait contribuer à inverser cette tendance et participer à les rendre plus désirables. Ces petits véhicules commencent déjà à se faire une place au soleil avec des ventes qui ont doublé en une année, souligne Serge Gachot. Certains modèles font fureur, à l’image d’AMI de Citroen.
Le bémol est que ce succès est aussi remporté auprès de certains lycéens par exemple, ce qui laisse penser que ce véhicule vient remplacer un scooter, un bus ou un vélo. Des modes de transport qui sont indéniablement plus écologiques qu’une voiture, même miniature. La priorité doit donc rester de "réinterroger la place de l’automobile dans nos déplacements", souligne l'Ademe.
Mathilde Golla @Mathgolla