Publié le 13 septembre 2022
ÉCONOMIE
Allemagne, Belgique, République tchèque... : fortes tensions sociales contre la hausse du coût de la vie
Le taux d’inflation en Europe a poursuivi son envolée cet été, pour approcher les 10 % en moyenne. Face à l’augmentation du coût de la vie, et tout particulièrement des prix de l’énergie, de nombreuses organisations syndicales ont lancé, dès la rentrée, des mouvements de grève et des manifestations un peu partout en Europe. Allemagne, Belgique, République Tchèque ont connu d'importants mouvements sociaux, qui devraient se poursuivre cet automne. En France, les réformes de l'assurance chômage et des retraites pourraient également se révéler tendues.

@JensSchlueter via AFP
La hausse de l’inflation ravive la colère sociale en Europe. De nombreuses manifestations se sont tenues partout en Europe au cours de l’été, pour protester contre l’augmentation du prix de l’énergie. 80 000 personnes dans la rue en Belgique au mois de juin, 70 000 en République Tchèque début septembre, quelques milliers de personnes à Leipzig et Berlin en Allemagne…
Au Royaume-Uni, les grèves se sont enchaînées tout l’été dans de multiples secteurs (cheminots, postiers, dockers, etc.) pour demander des hausses de salaires et le mouvement "Don't Pay" pour ne pas payer la facture d'énergie a émergé. Suite au décès de la reine Elizabeth II, les organisations syndicales ont déclaré une trêve pour le mois de septembre, avant de repartir de plus belle.
Plusieurs de ces mouvements sociaux, notamment en Allemagne et en République Tchèque, sont issus de mouvements d’extrême droite et d’extrême gauche. Face au renchérissement de la facture énergétique, ils demandent notamment d’apaiser les relations avec Vladimir Poutine afin de rouvrir les robinets du gaz russe. Mais outre l’agenda politique de ces partis, ces mouvements sociaux soulignent aussi la crainte des populations les plus fragiles de ne plus pouvoir faire face à l’augmentation du coût de la vie et, tout particulièrement, de l’énergie.
Des taux d’inflation records
Le taux d’inflation en Europe ne cesse en effet de grimper, pour atteindre 9,1 % en zone euro à fin août selon Eurostat, après 8,9 % en juillet. Les pays d’Europe de l’Est sont les plus touchés par les hausses des prix, avec des taux d’inflation qui dépassent en général les 15 %. Ces pays sont également ceux où les salaires sont les plus bas par rapport au reste de l’Europe et où l’énergie représente une part importante des dépenses des ménages. Les trois pays baltes, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie, se hissent même au-delà de 20 % d’inflation au mois de juillet.
La Banque centrale européenne (BCE) a relevé, le 8 septembre, ses taux directeurs de façon inédite pour tenter de juguler l’inflation et la ramener à 2 %, tel que le demande son mandat. En tentant de freiner l’accès au crédit, la BCE espère entraîner une baisse de la consommation et donc des prix. L’inflation étant cependant en grande partie tirée par la hausse des coûts de l’énergie, la stratégie de la BCE pourrait avoir un impact limité.
Nouvelles mobilisations cet automne
Déjà, les organisations syndicales prévoient de nouvelles mobilisations pour cet automne. En Belgique, où le taux d’inflation atteint 10,5 % en août, trois syndicats (FGTB, CSC, CGSLB) ont proposé le 9 septembre 17 mesures contre la crise énergétique, dont un tarif social. Ils prévoient une nouvelle journée de manifestation pour le pouvoir d’achat le 21 septembre à Bruxelles et envisagent un appel à la grève générale le 9 novembre.
Même chose en Allemagne où l’appel à un "automne chaud", issu à la base d’un parti politique d’extrême droite, est repris par des syndicats. Notamment le puissant syndicat de l’industrie IG Metall, qui a manifesté le 10 septembre à Leipzig pour revendiquer une augmentation de salaires de 8 % dans le secteur. S’il n’obtient pas gain de cause, il menace de journées de grèves pour le mois d’octobre.
La France, de son côté, semble un peu plus épargnée que ses voisins. Le bouclier tarifaire pour l’énergie a permis de contenir l’inflation à 6,5 % en août, le taux le plus bas d’Europe. Mais les syndicats demeurent néanmoins mobilisés contre la vie chère, notamment dans le cadre de la réforme en cours de l’assurance chômage et, sans doute, de celle des retraites. Certains d’entre eux, à l’appel de la CGT, prévoient ainsi une journée de grève interprofessionnelle le 29 septembre prochain.
Arnaud Dumas, @ADumas5