Parmi les 100 prochaines licornes européennes, ces jeunes entreprises de la tech dont la valorisation dépasse le milliard d’euros, 19 sont françaises. Et parmi elles, une tendance récente émerge, celle des start-ups ayant construit leur modèle d’affaires autour des données climatiques des entreprises et, plus généralement, des données environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). L'année dernière déjà, EcoVadis était devenu la 27ème licorne française.

Cette année, trois start-ups françaises devraient ainsi accéder au rang de licorne dans les prochains mois, selon l’étude réalisée par la banque d’affaires britannique GP Bullhound avec Vivatech, le salon de la tech qui se tient en juin. Ce statut de licorne indique la forte appétence du marché pour leurs solutions. Mais ne suffit pas à les définir. "La valorisation n’est pas le bon indicateur, rappelle néanmoins Vincent Bryant, président et cofondateur de Deepki. Ce qui compte pour nous ce sont les emplois créés et les émissions évitées."

Deepki, pour verdir l’immobilier

Créé il y a neuf ans, Deepki ambitionne d’aider les grands détenteurs de parcs immobiliers à réduire l’empreinte carbone de leurs bâtiments. Sa solution logicielle collecte les données des quelques 1,6 million de bâtiments de ses clients, puis les aide à en déterminer la performance environnementale et sociale et à bâtir un plan d’investissement pour l’améliorer. "Nous fournissons une centaine d’indicateurs à partir des données collectées mais, en pratique, la priorité est donnée à ceux relatifs à la lutte contre le changement climatique", souligne Vincent Bryant, président et cofondateur de Deepki. Immeubles résidentiels, de bureau, centres commerciaux, les quelque 400 clients de Deepki œuvrent dans tous les secteurs de l’immobilier. Depuis 2020, une autre catégorie a fait son apparition, les sociétés de gestion financière. "Ils ont pris conscience que s’ils ne prêtaient pas attention à l’impact climatique des bâtiments, leurs portefeuilles d’investissement risquaient de perdre de la valeur", explique Vincent Bryant. Ils représentent aujourd’hui un tiers des clients de Deepki et deux tiers de ses revenus.

Sweep, pour traquer les émissions des entreprises

La start-up montpelliéraine capte les données carbone de toutes les entreprises. Et elle avance vite ! Lancée en 2020, Sweep a déjà levé près de 100 millions de dollars auprès d’investisseurs internationaux pour développer sa solution. Son logiciel se branche sur le système d’information de l’entreprise pour capter toutes les données liées aux émissions de CO2. À la fois entreprise à mission et B Corp, la jeune société surfe sur les obligations de reporting des entreprises qui sont normalement censées communiquer leurs bilans carbone. Mais Sweep ne veut pas se contenter de faciliter le reporting sur la trajectoire climatique. "Il faut aller plus loin que la simple volonté de faire un rapport pour la compliance, il faut agir véritablement sur la réduction des émissions", déclarait à Novethic Essentiel Rachel Delacour, cofondatrice et directrice générale de Sweep. La mesure des émissions doit permettre aux entreprises de réaliser un véritable pilotage à la baisse de ses émissions.

Descartes Underwriting, pour gérer le risque physique

Tempête, grêle, feux de forêt… Descartes Underwriting a bâti une solution d’assurance pour les entreprises afin de gérer le risque physique qui pèse sur leur outil de production. Pour cela, la start-up créée en 2018 analyse les données climatiques, météorologiques, les images satellites, etc., pour déclencher le paiement de l’assurance dès qu’un sinistre climatique se produit chez l’un de ses clients. Ce système d’assurance paramétrique, c’est-à-dire dont la prime est versée en fonction de paramètres climatiques prédéfinis, a tendance à se développer rapidement face à l’accroissement des risques climatiques. Descartes Underwriting a levé plus de 100 millions d’euros en 2022 pour développer sa présence internationale.

Arnaud Dumas