La date limite des négociations a (encore une fois) été dépassée. Mais, ce week-end, Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, et Boris Johnson, Premier ministre britannique, ont décidé de s’octroyer quelques jours de plus pour tenter de négocier un accord commercial. Les équipes britanniques et européennes ont jusqu’à la fin de l’année pour tenter d’éviter un "no deal", avant la sortie officielle du Royaume-Uni de l’Union européenne, le 1er janvier.
La question des réglementations économiques, sociales et environnementales
Deux sujets principaux, sur lesquels les discussions achoppent, vont occuper les négociateurs dans les prochains jours. Le premier tient à la réglementation de la vie économique dans les domaines sociaux, environnementaux ou économiques. L’Union européenne veut en effet s’assurer que les entreprises des deux côtés de la Manche bénéficient de conditions de production similaires, afin de ne pas causer décalage de compétitivité. Elle en fait une condition sine qua none pour donner l’accès au marché unique, le plus grand marché économique du monde. De l’autre côté, le Royaume-Uni refuse de se voir imposer des réglementations par l’Europe, raison pour laquelle les Brexiters ont d'ailleurs choisi de sortir du marché commun.
Malgré ces positions a priori irréconciliables, L'Europe garde espoir. La déclaration, en fin de week-end, des deux parties sous-entend qu’il reste une possibilité d’entente. "Malgré l’épuisement après près d’un an de négociations, malgré le fait que les échéances aient dû être reportées et encore reportées, nous pensons qu’il est raisonnable à ce stade de fournir un effort supplémentaire, a déclaré dimanche Ursula von der Leyen. Par conséquent, nous avons chargé nos négociateurs de poursuivre les négociations et de voir si un accord peut encore être atteint, même à cette étape tardive."
Une solution consisterait par exemple à se donner la possibilité de remettre en place des tarifs douaniers en cas d’un écart de réglementation qui donnerait l’avantage à l’un ou l’autre. Cette idée proposée par Bruxelles permettrait d’avoir recours à des mécanismes de consultation si les Anglais ou les Européens estiment qu’une réglementation environnementale, sur le droit du travail, ou tout autre type de loi ayant un impact sur la vie économique, instituerait un désavantage trop fort pour les entreprises.
S’accorder sur les droits de pêche
Le deuxième sujet de discorde entre les deux parties concerne l’accès aux eaux de pêche britannique par les pêcheurs européens. Les eaux territoriales anglaises disposent en effet des plus grands stocks de poissons "pêchables", c’est-à-dire ayant atteint la maturité suffisante pour être consommés. Londres souhaiterait que l’accès à ses eaux soit renégocié tous les ans, tandis que Bruxelles souhaite que les pays européens conservent ce droit d’accès.
L’enjeu est crucial pour les deux parties. Les pêcheurs européens dépendent de l’accès à ces eaux poissonneuses pour garantir leur production. Les pêcheurs anglais dépendent, quant à eux, de l’accès au marché unique pour écouler le fruit de leur pêche, le marché européen représentant près de 70 % de leurs débouchés.
Si les négociateurs ne parviennent pas à trouver un terrain d’entente, le "no deal" l’emportera, comme une partie des "hard brexiters" le souhaite. Les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce s’appliqueraient alors pour tous les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Europe, imposant des tarifs douaniers sur les marchandises et des contrôles aux frontières.
Les milieux économiques britanniques, en revanche, poussent le gouvernement à ne pas baisser les bras surtout dans un contexte de crise sanitaire. Tony Danker, directeur général de l’organisation patronale CBI (Confederation of British Industry), déclarait à l’issue du week-end qu'"un accord est à la fois essentiel et possible. C’est le seul moyen de tirer parti du vaste soutien à l’économie accordé par tous les gouvernements pendant la pandémie. Sans cela, ces progrès sont compromis."
Arnaud Dumas, @ADumas5
Publié le 14 décembre 2020
Les négociations commerciales sur la sortie du Royaume-Uni de l’Europe vont se poursuivre encore quelques jours. Deux sujets cruciaux restent à déverrouiller. Le premier concerne les réglementations sur la vie économique, l’Union européenne ne voulant pas une zone de dumping social, financier ou environnemental à ses portes. L’autre concerne les droits de pêche dans les eaux territoriales britanniques, que Londres menace de supprimer.
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