Le suspense est enfin terminé. Le groupe Carrefour a annoncé le 2 novembre avoir été choisi par le tribunal de commerce de Paris pour reprendre Bio C’Bon. Il bataillait avec Biocoop et la famille Zouari (actionnaire de Picard) pour reprendre le distributeur spécialisé placé en redressement judiciaire en septembre dernier. "Vous rejoignez un magnifique projet, auquel j’attache une importance toute particulière : celui de rendre la bio accessible à tous, tous les jours", a déclaré le PDG de Carrefour Alexandre Bompard dans une lettre aux salariés de Bio C’Bon qu’il a publiée sur son compte Twitter.
Chers collaboratrices et collaborateurs de Bio C’Bon, soyez les bienvenus au sein du groupe Carrefour. pic.twitter.com/zH7dcEIZ0t
— Alexandre Bompard (@bompard) November 2, 2020
Si Carrefour a raflé la mise c’est qu’il a offert le meilleur prix, donnée importante car elle permet notamment d’apurer le passif de Bio C’Bon qui s’élève à plus de 200 millions d’euros. Avec cette nouvelle acquisition, le géant de la distribution va pouvoir étendre un peu plus son réseau sur ce marché en pleine croissance. Bio C’Bon sera l’enseigne des "magasins bio, urbain, premium de moyen format", de Carrefour. Une offre qui vient en complément de sa filiale So.Bio implantée en périphérie des villes.
C’est un gros coup d’accélérateur pour Carrefour. Avec Bio C’Bon, pour lequel le groupe a proposé 60 millions d’euros, sans compter 40 millions d’euros d’investissements, le groupe d’Alex Bompard s’offre un réseau de 107 points de vente et plus de 1 000 salariés repris ou reclassés. So.bio ne comptait, mi-octobre, que 22 points de vente. Lors de la publication de ses résultats trimestriels la semaine précédente, Carrefour avait rappelé son objectif de réaliser 4,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en produits bio en 2022.
Une concentration du marché
Le coup est rude pour les autres candidats. Biocoop défendait une reprise sous le signe de la "souveraineté alimentaire", d’une bio exigeante et cohérente. Surtout, le réseau coopératif voulait lutter contre "la concentration et la massification" du marché. Des arguments qui n’ont pas convaincu le tribunal de commerce de Paris. La famille Zouari, actionnaire de Picard, s’était positionnée en outsider. Contrairement aux autres candidats, elle avait reçu le soutien des centaines de particuliers qui ont investi leurs économies dans le capital de Bio C’Bon et qui se retrouvent aujourd’hui lésés par la faillite de la chaîne. Dans un communiqué, elle dit avoir pris "acte" de la décision du tribunal et reste "convaincue que Bio c’Bon est une pépite".
Cet engouement pour le spécialiste peut paraître surprenant alors que l’enseigne a fait faillite. Bio C’Bon a fait des erreurs, en se développant trop rapidement notamment. Toutefois, son atout reste l’emplacement de ses magasins très bien implantés en Île-de-France. Cette nouvelle acquisition, qui donne à Carrefour une avance considérable sur ses concurrents, confirme la place grandissante qu’occupe aujourd’hui la grande distribution dans le marché du bio, au détriment des enseignes historiques qui essayent, tant bien que mal, de résister. Naturalia, qui a été racheté il y a plus de dix par Monoprix (groupe Casino), en est un exemple concret. Le numéro deux des spécialistes du bio a d’ailleurs un temps voulu racheté Bio C’Bon avant de se rétracter.
Marina Fabre, @fabre_marina avec AFP