Publié le 26 décembre 2019
FINANCE DURABLE
Repsol, Chevron, BP, les majors pétrolières touchées au portefeuille par le risque d’actifs échoués
Trois grands groupes pétroliers ont dû dévaloriser des actifs pétroliers et gaziers ces derniers mois. Le risque de "stranded assets", ces projets liés aux énergies fossiles qui perdent de la valeur du fait du changement climatique, se matérialise dans les comptes de ces grandes majors. Certaines, comme Repsol, prend le taureau par les cornes et revoit entièrement sa stratégie pour atteindre la neutralité carbone.

@Repsol
Près de 5 milliards d’euros de dépréciations d’actifs chez Repsol, entre 10 et 11 milliards de dollars prévus chez Chevron, une perte de 2 à 3 milliards de dollars chez BP suite à son programme de désinvestissement… Sale temps pour les champions de l’or noir ! Un à un, ils doivent se résoudre à réduire la valeur comptable de leurs projets d’exploration ou de production pétrolière et gazière. Les raisons invoquées par les pétroliers sont multiples, de la faiblesse du prix du baril, au renforcement des réglementations nationales sur les émissions de CO2, en passant par la montée en puissance des véhicules électriques.
Ces dépréciations en série constituent avant tout le signe des "stranded assets", ou actifs échoués : des investissements dans les énergies fossiles qui, du fait du changement climatique, perdent leur valeur. Ces trois pétroliers en ressentent durement l’effet dans leurs comptes.
Des réactions variées
La réaction varie toutefois d’une entreprise à l’autre. Repsol prend le problème à bras le corps en annonçant une stratégie ambitieuse pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Le pétrolier espagnol s’est fixé des objectifs chiffrés de réduction de son intensité carbone. Augmentation de ses capacités de production d’énergies renouvelables, augmentation de son prix interne du carbone jusqu’à 40 dollars en 2040 pour évaluer ses investissements pétroliers et gaziers, développement de biocarburants, etc. La stratégie concerne toutes les lignes de métier du groupe et les principaux dirigeants verront au moins 40 % de leur rémunération variable indexée sur l’atteinte de ces objectifs.
Rien de tel chez Chevron. La compagnie américaine prévoit de céder les actifs les moins rentables mais continuer ses investissements là où ils restent intéressants. "Nous pensons que le meilleur usage de notre capital est d’investir dans nos actifs les plus avantageux", déclare Michael Wirth, le PDG de Chevron. Un programme de 20 milliards de dollars d’investissements est prévu en 2020, notamment dans les projets du sud des États-Unis, du Golfe du Mexique et du Kazakhstan.
Les majors pétrolières devront pourtant répondre rapidement aux enjeux climatiques. Suite à l’annonce de Repsol, le groupe Follow This a déclaré déposer des résolutions pour les prochaines assemblées générales des pétroliers. Chevron et ExxonMobil aux États-Unis sont appelés à aligner leurs stratégies aux objectifs de l’Accord de Paris. Pour les européens Shell, BP et Equinor, Follow This demande en plus que ces compagnies fixent des objectifs chiffrés sur le long terme.
Arnaud Dumas, @ADumas5