Publié le 05 septembre 2016

ENTREPRISES RESPONSABLES
Pleins feux sur les zones d’ombre de la supply chain
Pendant deux semaines, Novethic braque les projecteurs sur les risques qui pèsent sur les chaînes d’approvisionnement des entreprises en matière de droits humains. Un sujet de RSE absolument crucial. Au cours des deux prochaines semaines, nous nous pencherons sur le travail des enfants, le salaire vital et les droits syndicaux, avec le témoignage de grands acteurs, des cas d’école mais aussi des outils pour améliorer, concrètement, ses pratiques. Focus sur le côté obscur de la fabrication de nos produits quotidiens.

BIG / Novethic
Campagnes choc sur les conditions de travail dans les usines textile du Cambodge ; coulisses de la préparation de la Coupe du monde de football au Qatar ; reportages sur les travailleurs détachés ou les ravages de l’huile de palme ; manifestations de producteurs contre les conditions imposées par la grande distribution… Le côté obscur de la fabrication des biens et services que nous consommons quotidiennement apparaît au grand jour.
De plus en plus de consommateurs veulent être certains que le tee-shirt qu’ils portent n’a pas été fabriqué par des enfants, que leur téléphone n’a pas contribué à alimenter des conflits par le biais des minerais qu’il contient et que leur pâte à tartiner n’a pas contribué à détruire l’environnement. Ils ont désormais compris que, pour le savoir, c’est toute la chaîne d’approvisionnement des marques qu’il faut remonter.
Un modèle opaque et tentaculaire
Aujourd’hui, le modèle de la chaîne d’approvisionnement qui fragmente la production en de multiples étapes, opérées par de multiples acteurs, dans de multiples pays, le tout orchestré par une entreprise donneuse d’ordre, est devenu la norme.
L’Organisation internationale du travail estime ainsi que près d’1 emploi sur 5 dans le monde est lié à une chaîne d’approvisionnement. Selon la confédération syndicale internationale (CSI), "dans l’économie réelle, 60% des échanges commerciaux sont dépendants des chaines d’approvisionnement des grandes entreprises mondiales".
Les conséquences ? Une augmentation de la productivité et de la compétitivité des grandes entreprises, le développement de certains pays et l’intégration dans l’emploi formel de nombreuses personnes qui en étaient écartées. Mais aussi la dilution des responsabilités et une difficulté croissante à tracer et à contrôler la production de A à Z.
Le défi des droits humains
L’un des plus grands défis auxquels sont confrontées aujourd’hui les grandes entreprises donneuses d’ordre est donc de s’assurer que leur production ne viole pas les droits de l’Homme. Et la tâche est loin d’être aisée au vu de la complexité et de l’opacité de ces chaines.
En janvier dernier, en plein forum de Davos, la CSI dénonçait le modèle économique de 50 grandes entreprises multinationales basé sur une sous-traitance immodérée (94% d’emplois indirects), représentant une "main d’œuvre cachée" de 116 millions de personnes, dont beaucoup ne bénéficient pas d’un salaire décent, de conditions de travail et de sécurité suffisantes, voire des droits syndicaux les plus élémentaires.
Les travailleurs sont les premières victimes des dérives de ce système. Mais d’autres acteurs en font dramatiquement les frais, comme les communautés autochtones ou les fournisseurs notamment. Tout comme l’environnement.
Mobilisation spéciale de Novethic
C’est pourquoi Novethic a décidé de braquer ses projecteurs pendant deux semaines sur ce modèle et ses implications en matière de droits de l’Homme. En rappelant les différents scandales qui se sont fait jour ces dernières années, mais aussi en montrant les mesures mises en œuvre par les entreprises, les gouvernements et diverses organisations pour tenter de faire émerger un système plus juste, plus humain.
Chaque jour, nous décortiquerons donc un sujet phare – le travail forcé, le travail des enfants, les minerais du conflit, les conditions de travail et de sécurité des travailleurs, le salaire décent, les droits syndicaux, le droit à un environnement sain et le droit des communautés autochtones – avec de grands témoins, des cas d’école, mais aussi des outils pour améliorer les pratiques au sein des entreprises.
Le constat, aujourd’hui, ne suffit plus. Chaque acteur (ONG, investisseur, salarié, dirigeant d’entreprise, politique, fédération professionnelle, consommateur / citoyen, riverain, média, etc.), à son niveau, doit agir pour changer la donne.
Béatrice Héraud @beatriceheraud