Publié le 02 juin 2017
ENTREPRISES RESPONSABLES
La lutte contre le changement climatique, une question de survie pour les entreprises
Donald Trump a tranché : les États-Unis sortiront de l’Accord de Paris. Mais dans la sphère économique, des entreprises et investisseurs montent au créneau, insistant sur l’importance de suivre l’objectif de limitation de la hausse de la température globale à moins de 2°C d’ici la fin du siècle. Rien de philanthropique dans une telle position mais bien un calcul économique.

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"La décision de quitter l’Accord de Paris est mauvaise pour notre planète. Apple est engagée dans la lutte contre le changement climatique et nous ne vacillerons pas". Le tweet est signé Tim Cook, le patronde la marque à la Pomme, et a été publié quelques heures après l’annonce du président américain.
Comme lui, plusieurs dirigeants d’entreprises, de tous secteurs, y compris et même surtout, des énergies -fossiles et renouvelables - ont exprimé leur désaccord avec la stratégie de Donal Trump. La Business Rountable, qui réunit les grands patrons américains, a souligné les conséquences "potentiellement graves et entendues" du changement climatique.
Lutter contre le changement climatique, un atout pour les entreprises et l'économie américaine
Certes, toutes les entreprises ne sont pas au diapason. La puissante Chambre de commerce américaine et de nombreuses petites entreprises du pays ont salué la décision de Donald Trump y voyant une façon d’échapper à de nouvelles contraintes. Mais pour combien de temps ? Car la prise de position des grandes entreprises en faveur de l’Accord de Paris n’a pas grand chose à voir avec une position morale. Elle est surtout guidée par des considérations économiques.
Il n’y a qu’à voir ce que les patrons de Facebook, Unilever, Salesforce, Gap, Schneider Electric et autres Google écrivent dans une lettre adressée à Donald Trump, quelques heures avant l’annonce de sa décision. "La participation des États-Unis à l’Accord bénéficie aux entreprises et à l’économie américaine de multiples façons", écrivent-ils, précisant qu’ils continueront, quoi qu’ils adviennent, à poursuivre leurs efforts en matière de réductions de leurs émissions de gaz à effet de serre.
Dear President Trump, as some of the largest companies in the US, we strongly urge you to keep the US in the Paris Agreement. pic.twitter.com/ztSXyYtRrm
— Marc Benioff (@Benioff) 1 juin 2017
Les entreprises en première ligne du changement climatique
Ils l’expliquent très bien : le changement climatique présente à la fois de nombreux risques pour les entreprises mais aussi de nombreuses opportunités si elles décident de le combattre avec des mesures fortes de réduction de la consommation énergétique, de développement des énergies renouvelables ou de création de nouveaux produits et services par exemple.
Le mouvement mondial de lutte contre le changement climatique, avec la multiplication des réglementations environnementales, renchérira le coût des activités polluantes et rendra à terme, les entreprises qui n’auront pas pris les mesures nécessaires, plus vulnérables.
Ce, sans compter, que les entreprises sont en première ligne face aux effets des dérèglements climatiques. La multiplication des sécheresses, des cyclones et des inondations induits par le changement climatique en cours rendra leur approvisionnement en eau et en matières premières (notamment agricoles) de plus en plus difficile. Tout comme en produits manufacturés car, comme on l’a déjà vu en Thaïlande en 2011, de graves inondations peuvent paralyser tout un secteur de l’économie (l’automobile et l’électronique) par la mise à l’arrêt d’entreprises sous-traitantes.
En éludant la question climatique, les entreprises prennent un risque financier considérable. A +4°C, le monde ne sera plus assurable, avait ainsi avertit l’ancien PDG d’Axa, le numéro 1 mondial de l’assurance, Henri de Castries, lors de la COP21.
La transition énergétique source d'opportunités
A l’inverse, comme le soulignent les patrons américains dans leur lettre, la lutte contre le changement climatique est source de création d’emplois, de nouveaux marchés et de croissance. Un récent rapport de l’IRENA, l’agence internationale sur les énergies renouvelables montre qu’en 2016 ces dernières représentaient 9,8 millions d’emplois dans le monde. Aux États-Unis, ce sont 777 000 Américains qui travaillent dans le secteur contre…160 119 dans le charbon.
Le secteur des énergies renouvelables ne serait cependant pas le seul gagnant : le PIB des pays du G20 gagnerait 2,8 % supplémentaires à l’horizon 2050 grâce à des politiques climatiques cohérentes avec l’Accord de Paris, selon l’OCDE.
Les pétroliers eux mêmes comment à s'engager en faveur de l'Accord de Paris car ils ont compris que l'avenir est à la diversification: beaucoup comme Total ont investi dans les énergies renouvelables, mais l'ensemble mise surtout sur le gaz, moins émetteur d'émissions de gaz à effet de serre que le pétrole et le charbon et considéré comme une "énergie de transition".
De toutes ces données, l’essentiel à retenir est que l’engagement des entreprises dans la lutte contre le changement climatique et la transition énergétique n’est plus une option mais bien une question de survie.
Béatrice Héraud @beatriceheraud