Publié le 01 juillet 2020

ENTREPRISES RESPONSABLES

Convention citoyenne : le patronat rejette une écologie "punitive" mais s’accorde sur une nécessaire transformation

Bilan carbone annuel, CO2 score, télétravail... De nombreuses propositions de la Convention citoyenne pour le climat soutenues par Emmanuel Macron concernent les entreprises. Si certains économistes ont fustigé un programme de "décroissance", le Medef dit vouloir discuter et avancer pour réussir la transition écologique. Du côté de la Fédération des PME, on dénonce cependant une "écologie punitive" trop axée sur des mesures pénalisantes.

Convention citoyenne climat
Les propositions de la Convention ont suscité un fort rejet chez les économistes libéraux, pourtant le patronat se montre bien plus nuancé voire ouvert.
@Convention citoyenne

Après la vague verte qui a déferlé sur les Municipales, Emmanuel Macron a reçu les 150 représentants de la Convention citoyenne sur le climat le 29 juin (CCC). Le Président de la République a annoncé soutenir 146 propositions sur 149. Parmi elles, de nombreuses concernent les entreprises comme la mise en place d’un "bilan carbone annuel" qui pourrait donner lieu à un malus pour les sociétés ne réduisant pas leurs émissions de gaz à effet de serre ou le "CO2-score" qui s’afficherait sur l’ensemble des produits… "Je crois à une vraie responsabilité sociale et environnementale de nos entreprises, qui est un levier de transformation profond sur lequel nous devons aller beaucoup plus loin et c’est ce que vous proposez", a assuré le chef de l’Etat.

Si plusieurs économistes ont protesté considérant les propositions de la CCC comme des "bêtises", qui "transformeraient la France en Venezuela en deux mois", le Medef lui, s’est montré plus modéré.

"Certaines choses intéressantes en sont sorties", a ainsi affirmé Fabrice le Saché, vice-président et porte-parole du Medef, au micro de France Info citant le CO2score, la taxe carbone aux frontières de l’UE, la rénovation thermique ou le développement du télétravail. Mais "d’autres restent à affiner", a-t-il ajouté. Pour le représentant du patronat français, il ne s’agit plus de "combattre" les "choses sur lesquelles on n’a pas les mêmes perspectives" mais bien de discuter et d’avancer pour déployer les solutions d’une "transition écologique qui fait consensus".

Trop de "sanctions, taxations, interdictions"

C’est aussi cet impératif écologique qui a poussé 76 patrons à prendre la plume pour saluer un "travail fondateur pour notre démocratie". Parmi les signataires, des patrons de l’économie sociale et solidaire (Catherine Touvrey, Groupe VYV), d’entreprises à mission (Emmanuel Faber, Danone) mais aussi d’entreprises classiques (Isabelle Kocher, ex-Engie ou Serge Papin, ex-Système U) et d’investisseurs (Éric Lenoir, EulerHermès France). Malgré les inévitables divergences, "comptez sur nous pour vous apporter notre concours", assurent-ils aux 150 citoyens. "Nous nous emparerons de vos propositions pour en approfondir les conditions économiques et les inscrire dans une feuille de route en cohérence avec nos responsabilités sociales". Les patrons demandent à chaque entreprise, "y compris lorsqu’elle n’approuve pas la totalité des propositions" de "faire de même."

Reste que le chemin va être long. La CPME, représentant les PME, durement touchées par la crise sanitaire, a critiqué des mesures trop pénalisantes pour les commerçants. D’autant que celles-ci n’ont pas fait l’objet d’études d’impact, regrette la fédération. "Restreindre l’accès aux centres-villes aurait, par exemple, des conséquences très négatives tant pour les commerçants que pour les artisans. Il sera également difficile de réindustrialiser la France si l’on multiplie les contraintes réglementaires. Et que dire de l’interdiction d’utiliser la climatisation dans les commerces en dessous de 25 ou 30 degrés ?", soulève-t-elle. Face à l’"écologie punitive" de la Convention qui "systématise les interdictions, les taxations et les sanctions", la CPME prône donc la voie de la transformation volontaire via la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pour répondre à la "légitime préoccupation" de la Convention "à accélérer la transition".

Béatrice Héraud, @beatriceheraud


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