Publié le 24 mars 2021
ÉCONOMIE
Pour les trois hivers à venir, la France va se retrouver sous tension sur le plan électrique
L’image de la France, base électrique de l’Europe et grande exportatrice vers ses voisins, a du plomb dans l’aile. D’ici 2024, le pays va manquer de marges de production sur son territoire pour répondre à la demande particulièrement en cas de vague de froid en hiver. RTE appelle à mettre en service l’EPR et les champs éoliens en mer au plus vite.

@ChloeCast
Lors de la grande vague de froid en janvier dernier, le système électrique français a commencé a approché ses limites. Et à en croire RTE (Réseau de Transport Électrique), qui a présenté son bilan prévisionnel jusqu’en 2030 ; cet épisode risque de se répéter au moins jusqu’en 2024 lors de chaque hiver. En cause, on compte la crise sanitaire, les retards de l'EPR mais aussi dans le développement des énergies renouvelables.
"Le système électrique ne disposera que de marges très faibles sur la période 2021-24 et l'hiver prochain présente un risque plus élevé qu'un hiver normal", a expliqué Xavier Piechaczyk, président du gestionnaire du réseau haute tension, lors d'une conférence de presse. "Les marges sont successivement insuffisantes entre 2021 et 24, tout juste acceptables entre 2024 et 26 puis plus confortables entre 2026 et 2030", Précise-t-il.
Travaux sur le nucléaire
La vigilance pour les trois prochains hivers est la conséquence de la plus faible disponibilité du parc nucléaire à la suite de la crise du Covid-19 et du premier confinement, qui ont bousculé le planning de maintenance des réacteurs d'EDF. C'est aussi une période pour laquelle EDF avait prévu de grands travaux pour entretenir son parc nucléaire, dont la France dépend toujours à plus de 70 %.
S'ajoutent les retards du chantier de l'EPR de Flamanville (Manche) - qui ne démarrera pas avant la fin 2022 au mieux - mais aussi dans le développement des énergies renouvelables, surtout le solaire et l'éolien en mer. RTE avait déjà exprimé sa "vigilance" pour l'hiver 2020-2021, qui s'est finalement passé sans encombre grâce à une météo clémente et à une baisse de la consommation électrique avec la crise.
Par la suite la situation devrait s’améliorer, à la condition que l'EPR en construction à Flamanville soit bien mis en service (avec 1O ans de retard) et que les parcs éoliens offshores au large des côtes françaises, attendus depuis plus d’une décennie, voient bien le jour.
Préserver Cordemais
D’ici là, RTE suggère des pistes pour "retrouver des marges": en particulier "le maintien en disponibilité ou la conversion à la biomasse de la centrale de Cordemais" (Loire-Atlantique), aujourd'hui au charbon, pendant quelques années. Cet impératif est aussi lié à la situation particulière de la Bretagne, traditionnellement plus fragile.
Dans sa volonté de moins dépendre du nucléaire, la France envisageait aussi de fermer deux réacteurs entre 2025 et 2026. Mais les conditions pour ce faire "pourront très difficilement être remplies", prévient Xavier Piechaczyk. Dans compter que pour 2030, RTE prévoit par ailleurs une hausse modérée de la consommation d'électricité, de l'ordre de 5 % par rapport à 2019. Elle sera notamment tirée par le développement des véhicules électriques mais aussi la production d'hydrogène.
Ludovic Dupin avec AFP