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Attentifs à la formalisation de politiques d’engagement actionnarial et d’exercice des droits de vote, les régulateurs s’attendent à y trouver la description des techniques d’escalade mises en œuvre auprès des entreprises refusant le dialogue. Point culminant théorique de cette escalade, le désinvestissement reste une pratique très rare, parmi un ensemble de pratiques très hétérogènes.
Difficile à mesurer isolément, le succès de ces démarches fait l’objet d’une communication prudente. Les investisseurs qui se livrent à l’exercice le font à travers une variété d’axes d’engagement. Ceux-ci visent le plus souvent à obtenir des entreprises qu’elles remédient à une absence de transparence ou comblent leur retard en adoptant des pratiques mieux en phase avec les attentes des investisseurs.
Face au nombre croissant d’initiatives collaboratives auxquelles ils apportent leur soutien, ou en raison de contraintes en termes de moyens humains, certains investisseurs cherchent à mieux prioriser leurs efforts. Cela passe par des arbitrages motivés par des aspects pratiques, des considérations propres au sujet de l’engagement, ou, chez une poignée d’acteurs, un choix guidé par les chances de succès.
Objets d’une attention médiatique grandissante, les résolutions d’actionnaires ne représentent que 3% du total des résolutions votées, en majorité à des assemblées générales tenues aux Etats-Unis. Les résolutions portant sur des enjeux climatiques sont encore plus rares, et leur taux de soutien moyen a fortement pâti en 2023 du mouvement de désengagement des investisseurs nord-américains.
Cette rareté des résolutions d’actionnaires portant sur le climat mobilise les investisseurs français autour du sujet des votes Say on Climate, qui reste néanmoins en attente d’un cadre légal. De nombreux obstacles réglementaires continuent de compliquer le fonctionnement de la démocratie actionnariale.
Faute de pouvoir se prononcer à grande échelle sur la stratégie de décarbonation des entreprises, certains investisseurs adoptent des politiques de vote qui leur permettent de s’opposer aux directeurs jugés défaillants dans leur gestion des risques climat. Le choix de certaines résolutions routinières soumises au vote en AG est un moyen de rendre plus redevables les conseils d’administration.
A quelques mois de l’arrivée des premiers rapports au format CSRD, le sujet des plans de transition commence à intégrer les politiques d’engagement et de vote. La manière dont ce cadre CSRD formalisé sera mis au service des futures pratiques d’engagement actionnarial revêt un fort enjeu.