Publié le 9 septembre 2022
Charles III, le nouveau roi d’Angleterre, est un pionnier de la lutte contre le changement climatique et utilise sa fondation et son rôle de représentation pour protéger l’environnement. Lors de la COP26 qui se tenait dans son royaume, la reine Elizabeth II avait appelé les dirigeants du monde entier "à faire cause commune" face au réchauffement climatique espérant influencer les débats. En revanche, le nouveau gouvernement de Liz Truss semble peu partager ces engagements en faveur du climat, même s’il dispose d’un ministère dédié.

À l’heure où Charles III devient roi, ses engagements environnementaux et climatiques qui avaient le soutien de la reine Elisabeth II sa mère, risquent d’être malmenés par le nouveau gouvernent de Liz Truss. Intronisée in extremis par la reine, la Première ministre a recruté à des postes clefs des personnalités dont les engagements climat sont sujets à caution.
Le nouveau ministre de l’Environnement, Ranil Jayawardena, est accusé de voter systématiquement contre les mesures de protection du climat et de l’environnement et d’être un détracteur des énergies renouvelables. Il s’est par exemple opposé au principe d’intégration de l’objectif de neutralité carbone dans les décisions ministérielles, plus particulièrement pour les subventions agricoles.
Le nouveau tandem désigné pour les ministères de l’Économie et du commerce, Jacob Rees-Mogg et Kemi Badenoch, est lui aussi suspecté de ne pas vouloir servir la cause climatique. Jacob Rees-Mogg minimise l’urgence climatique, soutient ardemment les énergies fossiles et "souhaite exploiter jusqu’à la dernière goutte le pétrole de la Mer du Nord parce que cela n’a pas de conséquence pour le climat". Il devait initialement piloter la stratégie climat du gouvernement mais face à la levée de boucliers des conservateurs écologistes, c’est finalement le ministre du Climat Graham Stuart qui a hérité de la mission

Intensifier l’exploitation des énergies fossiles


De son côté Kemi Badenoch, la nouvelle ministre du commerce, voulait lors de la bataille électorale pour être désignée Première ministre remettre en question l’engagement du Royaume Uni sur la neutralité carbone. Elle a finalement officiellement changé d’avis cet été.
Confrontée à une crise de l’énergie aigue et aux difficultés croissantes des Britanniques pour payer leurs factures d’énergie, le gouvernement de Liz Truss, n’annonce aucune stratégie de sobriété et parie plutôt sur une intensification de l’exploitation des énergies fossiles en autorisant à nouveau le gaz de schiste et en augmentant les capacités de production du pétrole de la Mer du Nord. Caroline Lucas, députée et coleader du parti Vert s’en est indignée à la Chambre.


Le règne de Charles III débute dans des temps difficiles où les divisions profondes du pays nées du Brexit sont en train de devenir des plaies béantes. La mort d’Elizabeth II pourrait accélérer le processus même si, le temps du deuil, les Britanniques partageront la même peine.
Anne-Catherine Husson Traore, @AC_HT_, directrice générale de Novethic

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